Nos regards
La Pâte Grise – Payot, une pâte qui nous fait faire grise mine !

> 18 avril 2018

La Pâte Grise – Payot, une pâte qui nous fait faire grise mine ! « Depuis près de 70 ans, la Pâte Grise PAYOT est le soin idéal pour amener au plus vite les petits boutons dans une phase de maturation. Secret de beauté anti-boutons transmis de génération en génération, sa formule secrète travaille pendant votre sommeil pour accélérer la maturation des petits boutons et faire disparaître les imperfections rapidement ! » peut-on lire sur le site de la marque Payot (http://www.payot.com/FR/fr/produits/soins-visage/pate-grise).

Ce soin SOS anti-imperfections est bien évidemment très tentant. Les ingrédients qui composent sa formule ne sont absolument pas secrets. Cela serait d’ailleurs contraire à la réglementation cosmétique.

Lorsque l’on se penche sur sa formule, on constate qu’il s’agit d’une émulsion ne contenant que peu d’ingrédients (et c’est bien ainsi !). On trouve de l’eau (bien sûr !) et des substances lipophiles (hydroxystearic acid/linolenic/oleic polygyverides, prunus amygdalus dulcis oil, tridecyl trimellitate) possédant des propriétés émollientes. L’huile d’amande douce, présentée comme un actif adoucissant dans un grand nombre de produits cosmétiques, ne possède toutefois pas les propriétés anti-inflammatoires que l’on veut bien lui attribuer ; il s’agit en revanche d’un émollient que l’on aurait tort de bouder (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/l-huile-d-amande-douce-et-ses-usages-200/). Le talc et l’oxyde de zinc, quant à eux, possèdent des propriétés absorbantes, intéressantes à exploiter en cas de peau grasse. L’émulsion est stabilisée à l’aide d’un tensioactif non ionique (pentaerythrityl tetraisostearate). Tout va bien jusque là.

Ce sont deux ingrédients en fin de liste qui nous chagrinent beaucoup. Pour tout dire, nous ne les aimons pas du tout. Sous les noms INCI « ichthammol » et « sodium shale oil sulfonate » se cachent des ingrédients obtenus par distillation sèche de schiste bitumeux (http://ec.europa.eu/growth/tools-databases/cosing/index.cfm?fuseaction=search.details_v2&id=34562). Si les hydrocarbures saturés qui les composent ne posent aucun problème, il n’en est pas de même des hydrocarbures polycycliques aromatiques qui peuvent s’y retrouver. C’est pour cette raison que nous trouvons que les goudrons, quelle que soit leur origine, n’ont pas leur place dans les cosmétiques (C. Couteau, L. Coiffard, Dictionnaire égoïste des cosmétiques, Edilivre, 2016, 244 pages). Très utilisés dans le traitement des états squameux au XIXe et au début du XXe siècle, ces goudrons ont été peu à peu abandonnés, du fait des molécules cancérigènes qu’ils contiennent.

Si l'on peut accorder le bénéfice du doute au Dr Payot au moment de la création du produit, en fonction des connaissances scientifiques de son époque, nous souhaiterions que la pâte grise se modernise et abandonne les goudrons qu’elle contient, au profit d’ingrédients plus sûrs.

Pâte Grise L’Originale : hydroxystearic/linolenic/oleic polyglycerides, talc, zinc oxide, pentaerythrityl tetraisostearate, prunus amygdalus dulcis oil, tridecyl trimellitate, aqua, ichthammol, sodium shale oil sulfonate.

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