Nos regards
La figue dans un autobronzant pour un corps d’Eve ou l’autobronzant à la figue d’Eve !

> 28 juillet 2017

La figue dans un autobronzant pour un corps d’Eve ou l’autobronzant à la figue d’Eve ! La figue est un fruit biblique qui permît à Eve de voiler sa nudité. « Alors leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils connurent qu’ils étaient nus. Ils cousirent des feuilles de figuier et se firent des pagnes. » (Bible de Jérusalem, Genèse, chapitre 3, verset 7) L’idée de se vêtir à l’aide de feuilles de figuier n’était, peut-être, pas la meilleure idée qu’eut Eve… Décidemment…

De nos jours, on connaît parfaitement le caractère photo-sensibilisant de cette plante. Des psoralènes sont retrouvés dans la sève des feuilles, à un taux maximal entre avril et juillet, ce qui peut engendrer une réaction photo-toxique, chez les jardiniers ou toute autre personne se trouvant au contact de la feuille ET exposés aux UV ET en milieu humide, ce qui favorise la diffusion des molécules photo-sensibilisantes au niveau cutané (M. Avenel-Audran, M.E. Sarre, Phytophotodermatoses, Revue Française d'Allergologie, 56, 3, 2016, 230-232). Tailler un figuier lorsque le soleil brille nécessitera donc quelques précautions (M. Avenel-Audran, Peau, plantes et jardinage, Revue Française d'Allergologie, 49, 3, 2009, 259-263).

Colette qui, bien sûr, ne se soucie pas de la composition phytochimique de ce végétal, ironise, dans Belles saisons, sur la coquetterie qui s’empara alors de la première femme de l’humanité. « Dès qu’elle connut qu’elle était nue, Eve s’accommoda de la ceinture en feuilles de figuier. Or, nous savons que la feuille de figuier en remontre, pour le moelleux, au papier de verre... A l’abri d’un si rude feuillage, la mère de toutes les femmes n’en fonda pas moins la mode, puis la critique de la mode, tant au profit d’elle-même que de sa descendance féminine : « Ma fille, votre feuille de figuier vous va mal... Ma nièce, votre feuille de figuier vous engonce terriblement. C’est au figuier de la plaine que vous l’avez cueillie ? Le figuier de la colline vous habille beaucoup mieux. » » Ce n’est pas l’innocuité de la feuille qu’elle prend en compte, mais l’absence de confort occasionné par une feuille qui manque, semble-t-il, de douceur. Il faut toutefois préciser que, selon le côté de la feuille considéré, la sensation ressentie ne sera pas la même. Si le recto de la feuille est rugueux, son verso est, quant à lui, toute douceur (Melisa I. Barolo, Nathalie Ruiz Mostacero, Silvia N. López, Ficus carica L. (Moraceae): An ancient source of food and health, Food Chemistry, 164, 2014, 119-127). Les couturières des temps anciens (très anciens même !) devaient tenir compte de cet aspect des choses et se souvenir que le vêtement ainsi confectionné n’est pas réversible !

Dans l’inconscient collectif, la figue est donc un fruit pleinement symbolique. Une recherche bibliographique confirme cet a priori. Le figuier constitue l’un des premiers arbres cultivés par l’Homme à des fins alimentaires. Le fruit est consommé indifféremment frais ou séché. Il possède différentes applications ethno-pharmaceutiques. Il est censé améliorer les problèmes de vue, être efficace en cas de constipation et favoriser la maturation des pustules et des furoncles. Il renferme une grande quantité de sucres (66 % du poids sec), des protéines (3 % du poids sec), différents minéraux et, en particulier, du potassium et du calcium (respectivement 600 et 130 mg pour 100 g de fruit sec). Sa richesse en polyphénols est assez peu connue et mérite d’être soulignée. Là où un verre de vin rouge apporte entre 200 et 800 mg/200 mL de polyphénols et une tasse de thé noir entre 150 et 201 mg/200 mL, la figue fraîche en apportera, quant à elle, environ 1000 mg/100 g (Melisa I. Barolo, Nathalie Ruiz Mostacero, Silvia N. López, Ficus carica L. (Moraceae): An ancient source of food and health, Food Chemistry, 164, 2014, 119-127). Cette richesse en polyphénols est en faveur de l’effet antioxydant de ce fruit. Une publication datant de 2012 met également en lumière le caractère anti-inflammatoire des feuilles de figuier (Ali B, Mujeeb M, Aeri V, Mir SR, Faiyazuddin M, Shakeel F., Anti-inflammatory and antioxidant activity of Ficus carica Linn. Leaves, Nat Prod Res. 26, 5, 2012, 460-465). Il n’est rien précisé quant au fruit…

Clarins a fait le choix d’incorporer un extrait de figue et de l’aloe vera dans son lait autobronzant fondant. L’aloe vera joue la carte hydratation et la figue apporterait ses propriétés adoucissantes.

Rien à redire sur cette formule courte qui associe dihydroxyacétone (http://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/la-serendipite-appliquee-aux-cosmetiques-131/) et érythrulose pour un effet bronzé garanti. Comme nous avons déjà eu l’occasion de le préciser, tous les autobronzants ne se valent pas. Alcool et filtres UV sont, en particulier, des ingrédients dont on se passe très bien (http://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/tous-les-autobronzants-ne-se-valent-pas-133/). On précisera toutefois, à nouveau, que le « bronzage » obtenu n’en est pas un ; il s’agit tout simplement d’une coloration qui résulte d’une réaction chimique entre les actifs incorporés et les acides aminés présents à la surface cutanée (http://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/autobronzant-pour-bronzer-sans-soleil-132/).

Oublions les autobronzants pendant l’été – si l’on est en vacances et si l’on s’expose - puisqu’un gommage est l’étape préliminaire à toute application réussie. Le gommage en réduisant l’épaisseur de la couche cornée protectrice réduira la capacité de défense de la peau face aux agressions du soleil.

N’hésitons pas, en revanche, à utiliser ce produit à la rentrée pour démontrer, épiderme à l’appui, que l’été s’est déroulé sous les meilleurs auspices !

Le lait fondant autobronzant à la figue Clarins : Aqua, caprylic/capric triglyceride, coco-caprylate/caprate, glycerin, dihydroxyacetone, isononyl isononanoate, pentaerthrityl distearate, glyceryl stearate, PEG-100 stearate, dimethicone, hydroxyethyl acrylatz/sodium acryloyldimethyl taurate copolymer, aloe barbadensis leaf juice, parfum, polyester-7, erythrulose, propylene glycol, neopentyl glycol diheptanoate, phenoxyethanol, tocopheryl acetate, disodium EDTA, sorbic acid, tocopherol, ficus carica (fig) fruit extract helianthus annuus seed oil, citric acid, potassium sorbate, sodium benzoate.





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