Nos regards
La cosmétophobie, qu’est-ce que c’est que cette nouvelle maladie ?

> 26 novembre 2018

La cosmétophobie, qu’est-ce que c’est que cette nouvelle maladie ?

Il y a quelques jours, Edwige Coupez nous mettait en garde contre la cosmétophobie ; la dermatologue Annick Barbaud qui souhaite lui tordre le cou (à la cosmétophobie, pas à Edwige Coupez !) n’est pourtant pas rassurante lorsqu’elle voit des perturbateurs endocriniens dans « les écrans solaires » (sic) (https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/prenez-soin-de-vous/prenez-soin-de-vous-ne-cedez-pas-a-la-cosmetophobie_3032711.html). Nous préciserons au passage que le terme « écran solaire » ne devrait plus faire partie du vocabulaire utilisé dans le domaine de la protection solaire... depuis 2006 ; nous préciserons également que les filtres UV sont, comme les parabens, des molécules décriées à tort. Leur effet perturbateur endocrinien n’est décelé qu’en utilisant une loupe extrêmement grossissante. On ne risque donc rien en les réservant (nous insistons sur ce point) à la formulation des produits de protection solaire.

Etant à l’origine de la création du mot « cosmétophobie », nous nous sentons les mieux placées pour en parler à loisir et c’est ce que nous allons faire aujourd’hui.

La cosmétophilie, un amour qui dure, qui dure…

Pendant des siècles, pour être belle, pour être beau, on ne cherchait pas la petite bête. On était alors cosmétophile, c’est-à-dire que l’on voyait dans les cosmétiques des solutions miracle pour améliorer une nature défaillante (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/ovide-s-en-va-t-en-guerre-contre-les-cosmetiques-qui-puent-376/). Point d’industrie, pendant longtemps, mais des artisans qui, au fond de leur laboratoire, mettaient au point des formules alléchantes à base d’œufs de fourmis, de cornes de cerf ou d’extraits végétaux variés. Les belles dames qui s’ennuyaient à longueur de journée pouvaient également se lancer dans les cosmétiques–château (ancêtred des cosmétiques–maison ou DIY) en compulsant les formulaires mis au point par des personnes qualifiées (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/louise-bourgeois-avec-un-g-comme-gaiete-363/) (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/regime-cosmetique-aldebrandinesque-ou-lecons-pour-prendre-soin-de-soi-au-xiiie-siecle-516/). Pour éclaircir le teint, la perfide céruse se glissait dans les formules les plus anodines, mêlée à des fleurs blanches… La notion de toxicologie ne tourmentait pas les cosmétologues à la recherche de la formule la plus tendance. Ce lien très fort entre le consommateur et le consommé (le cosmétique) a perduré pendant des siècles.

Le ver dans la pomme ou le moment où l’on commence à se méfier des cosmétiques

A la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, un certain nombre d’auteurs se donnent pour mission d’éduquer la consommatrice qui doit pouvoir reconnaître sans se tromper « les cosmétiques innocents », préparations ne présentant pas de risque pour la santé et ne pas les confondre avec « les cosmétiques qui ont pour base des matières toxiques. ». Il existe alors un vide réglementaire qui permet à bon nombre de cosmétiques non dénués de toxicité d’être en vente libre. Il apparaît même que les cosmétiques les plus douteux sont souvent ceux pour lesquels l’argumentaire publicitaire est le plus éloquent en termes de « propriétés thérapeutiques » (S. Piesse, Histoire des parfums, Baillière et fils, 1890). Le pharmacien René Cerbelaud (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/rene-cerbelaud-1871-1939-notre-maitre-35/) se retrousse les manches et décide de déshabiller, une à une, les formules du commerce, au grand dam des industriels. Il sépare ainsi, froidement, les formules recommandables de celles qui ne le sont pas ! Arthur Burrows, quant à lui, s’interroge sur la notion de crèmes « nourrissantes », s’étonne de voir les cold crèmes promus au rang de crèmes nettoyantes et se pique de mettre en place un embryon de réglementation basée sur l’existence de liste négative et positives (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/regard-sur-les-cosmetiques-oui-mais-en-1937-397/).

L’an 2000, l’année de la Grande Peur

Il y a eu la peur de l’An 1000 ! Il y a eu la peur de l’An 2000 ! Tout ne s’est pas écroulé, mais les doutes et suspicions nés avant cette date fatidique se sont cristallisés au point de générer une angoisse parfois profonde. Philippa Darbre et Margret Schlumpf ont uni leurs efforts afin de nous persuader qu’un certain nombre d’ingrédients étaient toxiques au point d’engendrer des cancers. Conservateurs antimicrobiens, filtres UV… sont passés à la moulinette de ces deux chercheuses et ressortent terriblement amochés. Des laboratoires biologiques décident de surfer sur la vague et lancent la terrible mode du « sans, sans » (Beauté, mon beau souci, une histoire de la beauté et des cosmétiques, Edilivre, 2015)

La cosmétophobie, un terme dont nous revendiquons la création

Partant du fait qu’une phobie est une « Crainte angoissante et injustifiée d'une situation, d'un objet ou de l'accomplissement d'une action. » il nous a semblé logique de définir la cosmétophobie comme une peur irraisonnée des cosmétiques, peur engendrant des réactions parfois bien étonnantes comme l’abandon de gestes simples comme ceux de la toilette (https://www.researchgate.net/profile/Celine_Couteau/publication/299514455_

Beaute_mon_beau_souci_-_Une_histoire_de_la_beaute_et_des_cosmetiques/links/56fd131708ae393a7596f8a1/Beaute-mon-beau-souci-Une-histoire-de-la-beaute-et-des-cosmetiques.pdf). Les adeptes du No-Poo qui craignent les shampooings ont ainsi abandonné l’idée de se laver les cheveux avec de tels produits. Les personnes qui se sont laissé persuader que le fluor étaient dangereux se lavent désormais les dents avec des préparations non fluorées. Après avoir utilisé pendant des siècles des sels de plomb, des dérivés d’arsenic, des hormones diverses et variées, des éléments radioactifs, le consommateur se cabre désormais devant l’obstacle et ne veut plus avancer sur un chemin bordé de cosmétiques.

En conclusion

Pour lutter contre la cosmétophobie, nous avons développé un remède efficace, ce blog. Il permet de remettre les pendules à l’heure et de faire le point tant sur les ingrédients que sur les formules, en toute objectivité.

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