Nos regards
La clé du mystère est dans le sac

> 17 août 2019

La clé du mystère est dans le sac

Imaginez un reporter cloué dans un fauteuil pour cause de jambe cassée. Imaginez un quartier en ébullition du fait d’un été torride. Toutes les fenêtres sont ouvertes et l’on peut s’immiscer dans la vie de ses voisins en toute impunité. C’est d’ailleurs ce que notre reporter-photographe, un certain Jeffries, ne va pas manquer de faire.

Chaque matin, Jeffries se fait masser par une infirmière, Stella, qui ne manque jamais de lui faire la leçon quant à son célibat prolongé. On s’attend à ce qu’elle lui fasse une piqûre d’anticoagulant, il n’en est rien. Notre infirmière-philosophe se contente de masser le torse de son patient à l’aide d’une émulsion blanchâtre et d’une eau de Cologne verdâtre. Elle y met une parfaite bonne volonté.

Depuis sa fenêtre, Jeffries a la certitude que son voisin d’en face, Lars Thorwald, a tué sa femme puis l’a consciencieusement découpée en morceaux. Sa fiancée, Lisa, d’abord sceptique, est rapidement convaincue qu’il se trame quelque chose de louche dans le tranquille quartier où a élu domicile celui qu’elle aime.

Lisa, pragmatique, est certaine que Mrs Thorwald a été assassinée… puisqu’elle a laissé son sac dans son appartement. Or aucune femme ne part en voyage sans son sac, son maquillage, son parfum et ses bijoux ! Lisa, toujours impeccablement maquillée et les lèvres peintes à l’aide d’un rouge indestructible (les nombreux baisers échangés avec Jeffries n’en viennent pas à bout), s’y connait en choses féminines…

Alfred Hitchcock ne fait pas que remonter les pendules dans ce film plein de suspense (Fenêtre sur cour, 1954), il s’invite dans l’intimité de tout un quartier et traque les habitudes de vie des uns et des autres. Du pianiste raté à la femme dépressive, en passant par la danseuse écervelée, chaque appartement livre une partie de son mystère sous l’œil implacable du téléobjectif.

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