Nos regards
La beauté calibrée, à vos règles et crayons !

> 01 septembre 2020

La beauté calibrée, à vos règles et crayons !

Pour Auguste Debay, un médecin du XIXe siècle, prolixe en matière d’ouvrages de beauté et de physiologie, « la femme est, sans contredit, un des chefs d’œuvre, une des gloires de la création. »1 Pour atteindre à la perfection, cette femme doit, cependant, se couler dans un moule étroit comportant 10 variables (3 choses blanches, 3 choses noires, 3 choses roses, 3 longues, 3 courtes, 3 étroites, 3 larges, 3 grosses, 3 moyennes, 3 minces).

Si sa peau est effectivement blanche, comme ses mains et ses dents, si ses yeux, cils et sourcils sont noirs, si ses lèvres, joues et ongles sont roses, si ses cheveux, sa taille et ses doigts sont longs, si… si… cela ne suffira pas pour autant.

Il nous faire encore sortir le mètre-ruban pour vérifier que les proportions idéales sont bien respectées.

Commençons par vérifier que la hauteur du corps est parfaite. C’est le cas, nous dit le Dr Debay, si celle-ci est 5 fois le diamètre de la poitrine mesurée en se plaçant au niveau des aisselles. Si l’on s’emberlificote un peu dans cette mesure… on peut faire plus simple. Mesurez la longueur d’une main et multipliez par 10 !

La tête représente le septième de l’ensemble du corps.

La hauteur du visage mesurée de la naissance des cheveux au menton doit être équivalente à la distance qui relie les sourcils (en se plaçant à leur extrémité temporale).

Le cou idéal représente « deux longueurs de nez » en hauteur et « deux grosseurs de poignet » en circonférence.

L’espace entre les seins devrait permettre d’en loger un troisième ! « La gouttière inter-mammaire, c’est-à-dire l’espace qui sépare les deux seins, équivaudra à la largeur d’un de ces organes. »

Une fois toutes ces mesures prises, il conviendra de ne pas lâcher le précieux mètre-ruban. Une symétrie parfaite doit être respectée, ce qui nécessite de doubler chaque mesure. Côté droit versus côté gauche !

En cette rentrée scolaire où le double décimètre fait partie, comme de bien entendu, des incontournables devant trouver place dans le cartable de l’écolier modèle, on se réjouit de voir ce type d’indications tombées aux oubliettes. La femme modèle, aux proportions calibrées, n’existe plus que dans des manuels du type de celui d’Auguste Debay. Et c’est tant mieux !

Bibliographie

Debay A. Trente beautés de la femme analyse historique de ses qualités physiques et morales, de ses perfections et de ses imperfections, tempéraments, physionomies, caractères, conseils hygiéniques pour la conservation de la santé et de beauté, soins de toilette, choix de formules de parfumerie hygiénique, Paris, E. Dentu, Libraire-éditeur, 1871, 312 pages.

 

 

 

 

Retour aux regards