Nos regards
L’Etoile du Nord, un hôtel qui ne brille pas par son luxe…

> 15 décembre 2019

L’Etoile du Nord, un hôtel qui ne brille pas par son luxe…

Maigret est à 48 h de la retraite… Moment où il convient de se la couler douce… entre deux dossiers à classer… Dring… le sort va en décider autrement, puisqu’un crime vient d’être commis à L’Etoile du Nord, un « hôtel de quatrième zone »… un hôtel de passe, quoi…, « au second étage, au 32… »1

La victime

Un certain Georges Bompard, demeurant 17 rue de Miromesnil à Paris, baigne dans son sang, suite à un coup de poignard reçu dans le dos. Il s’agit « d’un homme d’environ quarante-cinq ans, très soigné de sa personne, aux traits particulièrement fins. » Ses « cheveux d’un gris argent » lui « donnaient […] un grand air de jeunesse en même temps qu’une certaine distinction. »

Métier : représentant de commerce ; « un excellent représentant », dixit son employeur, « une maison d’éditions musicales du boulevard Malesherbes. » Enfin… excellent, il faut nuancer. Il était considéré aussi comme « un bluffeur », surtout parce qu’« il laissait entendre qu’il appartenait à une famille illustre. »

Caractéristiques : amateur de bonnes fortunes, à en juger « par les photographies découvertes chez lui »… des jeunes filles plutôt et même de très jeunes filles !

La jeune fille bien comme il faut

Que fait-elle là, se demande-t-on d’emblée. Maigret la croise dans l’escalier, dès son arrivée. Chose étrange, elle est jambes nues. Nous sommes pourtant en mars et il fait frisquet… Est-elle réellement Céline Germain, rue des Saules, fille de joie de son état qui aurait abordé Bompard comme elle le fait avec tous les autres hommes ? De l’avis de Maigret, c’est une « drôle de fille ». Il l’avait d’abord « prise pour une jeune fille de bonne famille », « dans son tailleur bleu marine ». Première impression fugace, sous un éclairage pourtant un peu glauque. Maintenant, elle se montre « hargneuse et cynique », « comme une fille » qu’elle prétend être. Du cran, elle en a manifestement à revendre puisqu’elle va aller jusqu’à subir l’humiliation du passage, nue, au service d’anthropométrie de l’identité judiciaire. Tout est fait finalement pour donner le change et ne pas révéler sa véritable identité… Au fil des heures de garde à vue, la jeune fille, fatiguée, va se métamorphoser. Maigret « surprenait son regard apeuré, ses petites dents qui mordillaient fiévreusement la lèvre inférieure. » A la fin de la nouvelle, on apprend qu’elle n’est autre que Geneviève Blanchon, Mlle Blanchon, la fille du juge Blanchon… « Une jeune fille de bonne famille de Moissac… »

Pour cette dernière enquête de Jules Maigret, une nouvelle pleine d’humanité…

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour nous rendre, aujoud'hui, un peu de l'univers de Maigret !

Bibliographie

1 Simenon G. L'étoile du Nord, Folio 2, 2019

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