> 19 juin 2022
Les Russes disposent de cachettes d’armes bien cachées dans des grottes, sur la côte de l’île de Beauté ! Là, ils ont installé également le « détecteur G », qui se joue de l’invisibilité des sous-marins ennemis.1 L’information, relayée en 1961 par un certain Jean Bruce, inventeur du personnage de Hubert Bonnisseur de la Bath est, bien sûr, à prendre tout à fait au sérieux... lorsque l’on est un fidèle lecteur des aventures de l’agent OSS 117 !
A Bonifacio comme ailleurs, Hubert, c’est le meilleur. Une fois les ennemis mis KO, Hubert peut s’autoriser une petite aventure avec l’espionne de service avant de rentrer au bercail.
Au Dr Simon Puzzatelli qui vous demande comment va le cousin Andréa de Bastia, il doit être répondu : « il a eu une jaunisse, le mois dernier » ! Toujours sur le qui-vive, ce médecin, qui ressemble à Humphrey Bogart, peut être réquisitionné à tout instant, même au moment du coucher, après un lavage des dents soigneux (« Il était déshabillé et se brossait les dents dans la salle de bains lorsque la sonnerie du portail se mit à vibrer. Il cracha, se rinça rapidement la bouche, et gagna la fenêtre de la chambre pour regarder par les fentes des volets. ») !
Cet espion américain possède une « lointaine origine française ». Efficace, jamais pris au dépourvu, Hubert soigne sa personne. Un « bain brûlant » ou « une douche brûlante » (« Hubert se mit sous la douche, ouvrit les robinets, régla la température aussi chaude que possible. Pendant quelques minutes, il eut l’impression de renaître. Puis, il se savonna vigoureusement des pieds à la tête, se rinça. ») et une « piqûre de Maxiton », après une escapade agitée et le voilà de nouveau opérationnel pour la suite des évènements. Son nez... est son atout majeur. Lorsque sa chambre a été fouillée, Hubert le sait tout de suite... au flair. Une « odeur particulière, de celle que certains fumeurs peu soigneux traînent avec eux », même infime, le met tout de suite en alerte.
Nicolas Rennotte est un professionnel aguerri, qui prend toutes les précautions possibles pour assurer la sécurité de ses clients. Avant de plonger, il se prépare « comme une vieille coquette », c’est du moins ce que trouve son client américain, William Roos, un fanatique de l’exploration des grottes sous-marines. Entraîné bien malgré lui dans cette affaire d’espionnage, Nicolas ne fera pas long feu.
Un agent secret... qui trépasse au fond d’une grotte de manière mystérieuse. Après une sortie en mer, Nicolas Rennotte revient seul au port. Comme c’est étrange ! L’appartement de William est mis sous scellées... celles-ci ne résistent, toutefois, pas au bel Hubert qui, une lame de rasoir à la main, décolle « proprement les cachets de cire sur le battant ».
Alberto Tabossi, « très brun », un « visage tanné et buriné » et très élégant, « chemise polo écrue » et « pantalon de toile beige », se présente comme journaliste à L’aventure sous-marine. Son ignorance des choses de la mer nous permet de comprendre rapidement qu’il n’en est rien. Un couteau planté dans la nuque : voilà le destin qui sera réservé à cet homme étrange.
« Grande, très blonde et très mince, très bronzée » (très tout, quoi !), Brigitta, une jeune Suédoise (enfin, c’est ce qu’elle dit !), âgée de 26 ans (enfin, c’est ce qu’elle annonce :) souhaite prendre des cours de plongée avec Nicolas Rennotte. Encore une passionnée du monde sous-marin et une adepte du bikini « minuscule », ayant un « gabarit timbre-poste ». Une « admirable anatomie » (elle est « admirablement fabriquée ») et une totale indécence. Un « bain de soleil sans rien », « toute nue », témoigne de l’assurance de Brigitta et de la volonté de transformer son « joli corps de bronze clair » en joli corps de bronze hâlé. Pas de crème solaire, ni de vêtement pour celle qui semble bien vouloir séduire le vieux loup de mer qu’est Nicolas. Ne nous voilons, toutefois, pas la face. Brigitta travaille pour les Russes ; son truc ce n’est pas que les « bains de soleil » (« Tu ne préfères pas un bain de soleil ? » lui demande Rennotte)… ce sont plutôt les affaires d’état. Rennotte, une flèche explosive dardée en plein cœur en fera la triste expérience.
Il y a forcément du suspense dans ce genre d’ouvrage. Il y a aussi des retournements de situation. L’espionne, trahie par les siens, se fait l’alliée d’Hubert... Aucune femme ne peut, décidément, lui résister. Et puis, bien sûr, les Russes sont chassés hors de Corse... On n’en doutait pas une seconde...
Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration du jour !
1 Bruce J., OSS 117 prend le maquis, Archipoche, 2020, 175 pages
Retour aux regards