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L’éducation des filles par François Mauriac, les cosmétiques au rancart !

> 04 février 2023

L’éducation des filles par François Mauriac, les cosmétiques au rancart !

Sous la forme d’un opuscule d’une trentaine de pages, François Mauriac publie, en 1936, un petit guide concernant l’éducation des filles.1 On y sent, comme qui dirait, une certaine méfiance à l’égard des cosmétiques…

Méfiance vis-à-vis du rouge à lèvres

Une femme qui fait un métier d’homme, une femme qui fume, une femme qui met du rouge à lèvres. Voilà le portrait-robot de ce qu’il ne faut pas faire, pas être. « La femme d’aujourd’hui, la femme affairée, et qui jette des bouts de cigarettes souillés de rouge, qui plaide, court les bureaux de rédaction, dissèque des cadavres, je nie que ce soit une conquérante. Autant qu’elle réussisse dans ces professions, elle n’y fait rien que faute de mieux, que faute de l’unique nécessaire dont elle est sevrée par une époque atroce. » L’unique nécessaire étant, pour l’écrivain, de « créer des hommes, de les porter, de les nourrir, de les élever au sens profond du mot. »

Méfiance vis-à-vis d’un certain vernis culturel

Le problème en matière de connaissances, chez les femmes, selon François Mauriac, réside dans leur besoin d’étaler leur peu de culture ! Une forme de « coquetterie inguérissable », qui les pousse à vouloir « briller » et se mettre en valeur - du moins le croient-elles ! « Beaucoup de femmes sont moins cultivées qu’elles ne sont barbouillées de culture ; elles se fardent, elles se poudrent de littérature et de philosophie. » Bref, leur problème en matière de culture ne réside pas dans les sources consultées, ni en leur capacité à retenir ce qu’elles ont lu, mais bien plutôt dans leur indélicatesse. Tels des produits de maquillage mal employés, utilisés à outrance, à tort et à travers, la culture, devient, entre les mains des femmes, un sujet d’abomination que François Mauriac ne peut aborder sans frémir.

Confiance en un certain parfum de tilleul

Une jeune fille à la Zénaïde Fleuriot. Voilà ce dont rêve François Mauriac, le cinquantenaire. Une jeune fille qui s’avance « sous les tilleuls, dans une musique de Schumann »… Une jeune fille, discrète, délicate, charmante, qui sourit au cœur de l’adolescent resté caché sous la carapace de l’adulte.

L’éducation des filles, en bref

L’éducation des filles, surtout à ne pas lire, Mesdames ! Un sujet brûlant qui brûle les doigts et le papier, comme la cendre de cigarettes. « Culture », « cosmétiques », barbouillage, fards mal appliqués, rouge à lèvres baveux, poudre qui asphyxie les pores cutanés… François Mauriac n’est guère tendre, lorsqu’il s’agit d’évoquer les jeunes intellectuelles, bardées de diplômes et de connaissances. Culture et produits de beauté inadaptés se tiennent par la main, dans ce réquisitoire qui ne laisse aucune chance aux deux accusés !

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration de François Mauriac.

Bibliographie

1 Mauriac F., L’éducation des filles, in Le romancier et ses personnages suivi de L’éducation des filles, Le livre de Poche, Buchet/Chastel, 158 pages

 

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