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L’art du rasage, élémentaire mon cher Watson !

> 23 septembre 2018

L’art du rasage, élémentaire mon cher Watson !

Le rasage est un acte quotidien pour un grand nombre d’hommes. Selon les époques, la barbe se laisse pousser ou bien, au contraire, se rase consciencieusement. Pour Louis XIV, si le cheveu se porte long et bouclé, la barbe, en revanche, est rasée de près (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/la-grande-mademoiselle-ou-les-coulisses-de-la-cour-de-louis-xiv-183/). Il en est de même pour l’empereur Napoléon (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/et-si-l-on-se-glissait-dans-la-salle-de-bains-de-napoleon-682/) qui se fait raser par son fidèle Constant, avant d’apprendre à se raser lui-même, afin d’acquérir une autonomie bien appréciable pour cet homme hyperactif.

Pratiqué à l’ancienne chez un barbier ou de façon plus économique devant la glace de la salle de bain, cet acte prend une allure de rituel lorsque l’on s’intéresse aux différentes étapes qui concourent à faire disparaître les poils présents au niveau du visage (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/le-rasage-la-theorie-161/). Il ne faut pas manquer de courage pour remettre cent fois l’ouvrage sur le métier, matin et soir - pour les plus velus – même Marcel Proust, pourtant adepte du rasage de près, en manque parfois et se laisse aller à un certain négligé (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/sodome-et-gomorrhe-droles-d-endroits-pour-discuter-cosmetiques-190/).

Les soins apportés au système pileux masculin sont actuellement regroupés sous le nom de « male grooming » par les adeptes du parler anglais (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/male-grooming-la-toilettage-attitude-487/).

Cet acte est pris à l’humour par certains esprits poétiques qui recommande d’épargner les antennes lors du rasage quotidien (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/lorsque-jean-cocteau-nous-enseigne-la-galenique-574/).

Il est pris, en revanche, avec grand sérieux par Colette qui se souvient, avec dégoût, de la transformation qui s’opérait chez Marcel Proust au fur et à mesure que la soirée s’avançait. Entre dix heures du soir et trois heures du matin, sa barbe noircissait, tout son être s’avachissait littéralement, sous l’effet conjugué de l’alcool et de la fatigue (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/marcel-proust-a-la-recherche-du-produit-anti-repousse-469/).

Un bol plein de mousse, associé à un blaireau de qualité, une serviette, un rasoir efficace... le matériel nécessaire pour couper les poils de barbe en quatre est réuni. Chaque matin, c’est la même histoire... (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/marcel-pagnol-le-temps-des-secrets-cosmetiques-247/)

Le célèbre inspecteur Sherlock Holmes qui se fait une spécialité d’écrire des monographies sur des sujets des plus variés (« [...] j’ai écrit une petite monographie sur les cendres de cent quarante variétés de cigares, de cigarettes, et tabac à pipe. ») n’a, semble-t-il, pas laissé de document concernant le rasage. Il s’y connaît pourtant fort bien en rasage réussi. Celui de son fidèle Watson manque terriblement de précision en certaine saison. « [...] je suis prêt à parier n’importe quoi que dans votre chambre à coucher la fenêtre est à droite [...] ». Sherlock Holmes connaît bien son compagnon. Il se rase chaque matin avec une rigueur toute militaire. S’il reste des poils à gauche, c’est forcément que l’éclairage laisse à désirer de ce côté-là. (« [...] en cette saison vous vous rasez à la lumière du jour. Mais votre barbe est mal rasée vers le côté gauche ; elle tourne même au négligé autour du menton... Il est donc évident que ce côté est moins bien éclairé que l’autre. Il n’existe pas un homme avec vos habitudes qui, se regardant dans une glace sous une lumière également répartie, se contenterait d’un résultat aussi piteux ! ») (Doyle C., Le mystère du Val Boscombe in Un scandale en bohême, Le livre de poche, 2016, 213 pages).

Elémentaire mon cher Watson, pour réussir son rasage, il ne faut pas compter que sur les cosmétiques. Il faut indubitablement une source lumineuse de qualité !

Merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien pour ce Conan Doyle en barbier d'exception !

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