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L’art de bien vieillir selon Agatha Christie !

> 26 septembre 2020

L’art de bien vieillir selon Agatha Christie !

A la différence des autres romans d’Agatha Christie, Jeux de glaces offre peu de place aux cosmétiques.1 Tout l’intérêt du roman réside dans la description physique de trois amies d’enfance, Miss Marple d’une part et deux Américaines, deux sœurs dont le nom de jeune fille est Martin. C’est Mrs Ruth Van Rydock qui a pris contact avec la détective de St Mary Mead, afin de veiller sur sa sœur Caroline-Louise dite Carrie-Louise. Ces trois vieilles dames, qui ont à peu près le même âge, ont développé des techniques « anti-âge » très différentes.

Mrs Ruth Van Rydock, un pur produit cosmétique

Mrs Van Rydock est une vieille dame pas comme les autres. « Admirablement corsetée », les « jambes encore fines », gainées dans un bas nylon, la vieille dame ne connaît pas la ptose ! Son visage est « tonifié par de constants massages », afin de lui conserver le maximum de fraîcheur et de jeunesse. Un maquillage un peu lourd (« sous une couche de crème et de fards ») lui permet de faire illusion quant à sa date de naissance. A l’aide d’une pince à épiler, elle traque les sourcils trop longs qui déparent dans le bel arc qu’elle aime à tracer au-dessus de ses yeux. Ses cheveux teints sont d’une curieuse teinte « bleu hortensia », comme toutes les dames qui abusent un peu des traitements anti-jaunissement. Ruth fuit le naturel au galop. Cosmétiques, régimes, massages, exercices divers et variés sont pratiqués de manière rythmique, afin de ne pas permettre aux ans de laisser une trace trop visible sur un corps qui lutte vaillamment contre le poids des ans.

Miss Marple, une vieille dame qui fait son âge

Miss Marple, cheveux « tout blancs », visage abondamment ridé, joues roses (d’un rose naturel ou d’un rose poudré, la précision n’est pas donnée), yeux de couleur pervenche, est ce que l’on peut appeler une « délicieuse vieille dame ». N’attendons pas d’elle des recettes cosmétiques, elle ne s’y intéresse guère… Sa jeunesse est toute intérieure. De son fauteuil, Miss Jane Marple observe le monde et en fait ses délices.

Mrs Caroline-Louise Serrocold, une vieille dame qui fait étrangement jeune

Carrie-Louise est une grand-mère comblée. Cette femme qui a épousé successivement Mr Gulbransen, Mr Restarick et enfin Mr Serrocold, est à la tête d’une jolie fortune et d’une belle famille, savamment recomposée. Les beaux-fils, fille, petite-fille cohabitent à Stonygates, une institution qui accueille de jeunes gens souffrant de troubles psychiatriques. Carrie-Louise est l’antithèse de sa sœur. C’est le plus naturellement du monde qu’elle paraît « étrangement jeune ». « Elle n’usait pourtant d’aucun des artifices dont se paraît sa sœur ». Son teint est celui d’une porcelaine. Il possède la « blancheur rosée d’une rose fanée ».

Soyons rassurés sur le sort de Carrie-Louise ; elle ne sera pas empoisonnée, comme on a pu le craindre un moment.

Jeux de glaces, l’histoire de trois vieilles dames adeptes ou non des cosmétiques

Jane, Ruth et Carrie-Louise ont trouvé, chacune à sa manière, la façon de résister au temps. Pour Ruth, ce sont les cosmétiques qui constituent la solution-miracle. Pour Jane, ce sont de petites enquêtes policières menées avec la plus grande modestie. Pour Carrie-Louise, ce sont de grandes tablées où cohabitent diverses générations. A chacune sa solution !

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour l'illustration de ce jour !

Bibliographie

1 Christie A. Jeux de glaces, Librairie des Champs-Elysées, 186 pages

 

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