> 17 septembre 2024
Connue sous les noms d’Aminexil ou de Kopexil,1 cette molécule, retrouvée dans certains produits du groupe L’Oréal, sous le nom INCI de « diaminopyrimidine oxide », est au domaine cosmétique ce que le Minoxidil est au domaine médical. La parenté des structures chimiques, la parenté des noms de fantaisie (noms donnés aux molécules chimiques), une action en direction des sujets souffrant de perte de cheveux… autant de points communs à étudier de près.
Le 2,4-Diamino-pyrimidine-3-oxide (nom INCI : diaminopyrimidine oxide) ou Aminexil n’est pas un dérivé de Minoxidil (2,4-Diamino-6-piperidinopyrimidine 3-oxide), nous dit le SCCNFP en 2000,2 en ajoutant que l’on ne sait pas si une action pharmacologique (ralentissement de la chute des cheveux) est susceptible d’être obtenue aux doses imposées par la réglementation européenne, doses calculées pour assurer la sécurité du consommateur. Par ailleurs, et étant donné le caractère « nouveau » de cette molécule qui a fait son apparition dans certains laboratoires de formulation dans les années 2000 (les tiroirs L’Oréaliens !), le SCCNFP recommandait, il y a une vingtaine d’années, une cosmétovigilance accrue, afin de récolter le maximum d’informations concernant la « tolérance » cutanée vis-à-vis de cette molécule, qui venait alors de faire son entrée dans la formule de produits du marché !
L’Aminexil n’est pas un dérivé de Minoxidil… Vite dit… quand on voit la parenté évidente existant entre ces deux molécules, présentées comme similaires par certains auteurs.1
La molécule de référence en matière de prévention de la chute des cheveux a d’abord commencé sa carrière dans le domaine médical. Le Minoxidil a, en effet, fait l’objet, dans les années 1970, d’une tentative d’utilisation dans le cadre du traitement de l'hypertension sévère. Les médecins prescripteurs et les patients sous traitement ont alors observé une repousse des cheveux et une hypertrichose généralisée chez les patients, ce qui a conduit au développement d'une formulation topique de Minoxidil, pour traiter l'alopécie androgénétique, dans un premier temps à destination d’un public exclusivement masculin, puis, par la suite féminin. Le Minoxidil, en solution dosée à 2 %, a été mis sur le marché pour la première fois en 1986. Ensuite, en 1993, c’est une solution à 5 % qui a été commercialisée.3 Par ailleurs, il faut distinguer deux galéniques différentes : une solution à base de propylène glycol (solvant du Minoxidil et exhausteur de pénétration), considérée comme assez mal tolérée, car susceptible d’engendrer du prurit et des dermites de contact et une mousse, ne contenant pas de propylène glycol mieux tolérée.4-6 Ce Minoxidil pour application locale doit être administré avec soin, en respectant la posologie, afin d’éviter les risques d’hypertrichose sur des zones non souhaitées (le visage, par exemple).7 Ce principe actif est considéré comme sûr d’emploi, dans la mesure où un inconfort cutané est le seul effet indésirable répertorié.8
Il est important de savoir également que le Minoxidil, administré par voie topique, est une prodrogue, qui doit être transformée par voie enzymatique en sulfate de minoxidil (forme pharmacologiquement active) au niveau du follicule pileux pour être actif.9
Cet inhibiteur de la 5-alpha-réductase, administré par voie orale, s’avère efficace pour 80 % des patients après 12 mois de traitement.10 Il n’est, toutefois pas dénué d’effets indésirables tels que tendance à la dépression, avec risque suicidaire,11 troubles sexuels (troubles de l’éjaculation)12 … Il est à noter que l’administration par voie topique n’est pas, non plus, exempte d’effets indésirables puisque l’on signale des manifestations comme un érythème cutané, une augmentation des enzymes hépatiques, une énurésie nocturne, des douleurs testiculaires, des maux de tête, une présyncope et des douleurs oropharyngées.8
Dans le cas d’alopécie androgénétique, il est possible d’utiliser conjointement ces deux molécules, le Minoxidil agissant comme un « vasodilatateur » au niveau du cuir chevelu, comme un facteur « mitogène » et comme un inhibiteur de la pénétration intracellulaire du calcium, l’Aminexil se comportant comme un « plastifiant » cutané, permettant de redonner de la souplesse à la tige capillaire, empêchant ainsi l’accumulation de collagène à ce niveau.13 Un ingrédient qui, utilisé à la dose de 1,5 %, lutte donc contre la fibrose cutanée.1
On sait que cette molécule est utilisée en Suisse, en 2000, par des hommes ayant tendance à perdre leurs cheveux. Ces hommes âgés de 15 à 74 ans (508 hommes ont été questionnés sur leur rapport aux cheveux, sur les traitements réalisés, sur les causes d’abandon de certains traitements…) ont répondu à un questionnaire ; 26 % d’entre eux avaient déjà eu recours à un traitement antichute, le Minoxidil venant en tête des principes actifs utilisés, suivi du Finastéride et de l’Aminexil. Les compléments alimentaires et les soins prodigués en salon de coiffure venant loin derrière en matière de fréquence.14
On sait qu’il est possible de doser cette molécule dans un cosmétique… et encore heureux !!! Certaines équipes ont développé des techniques permettant de séparer et de doser 3 actifs associés entre eux dans les préparations antichute à savoir l’Aminexil, le niacinamide et le chlorure de pyridoxine.15
C’est pourquoi des chercheurs se sont mis à chercher des modes de vectorisation, afin de permettre à cet actif de pénétrer au niveau cutané jusqu’à son site d’action : la papille folliculaire !16 Certains imaginent même de forcer le passage cutané à l’aide de microaiguilles.17
Cette molécule, mise au point par les laboratoires L’Oréal, est retrouvée logiquement dans un certain nombre de produits de gammes appartenant au groupe.
Couplé à de l’arginine, du SP 95 (???), de la piroctone olamine et de l’eau de Vichy (mélange nommé Aminexil clinical 5), l’Aminexil entre dans des produits de la gamme Vichy.18
On en trouve aussi bien dans des produits non rincés, conditionnés en unidoses (c’est le cas chez Dercos) ou multidoses (c’est le cas chez L’Oréal Professional), que dans des produits rincés (shampooing Elsève). On notera, au passage, que l’Aminexil est en tête de la liste des ingrédients, dans le cas des produits non rincés et en fin de liste (après une guar modifiée) dans le cas du shampooing.
Ne cherchez pas l’ingrédient « Aminexil » dans le Cosing… vous ne le trouverez pas ! Vous trouverez, en revanche, dans l’inventaire européen, une monographie concernant cet ingrédient dont le nom INCI est « diaminopyrimidine oxide ». Présenté comme un agent « conditionneur cutané et capillaire », cet ingrédient ne doit, en théorie, s’il fonctionne bien en tant qu’activateur de pousse des cheveux, pas être appliqué sur le visage à moins de chercher à augmenter la pilosité à ce niveau. L’inventaire nous rappelle, au passage, que cet ingrédient figure en Annexe III du Règlement (CE) N°1223/2009.19
L’annexe III du Règlement (CE) N°1223/2009 (n°93) nous indique que cet ingrédient entrant dans la composition des « produits pour les cheveux et la pilosité faciale » (cette mention de « pilosité faciale » est assez étonnante tant elle est peu recherchée et même au contraire combattue) est limitée à une dose d’emploi à 1,5 %.
Difficile d’égaler le Minoxidil ; son concurrent cosmétique n’est pas né. Visiblement, du fait d’un bon recul, l’Aminexil est bien toléré. Peut-il détrôner le médicament de référence ? Non, c’est évident et ce d’autant plus qu’il est utilisé dans un produit rincé.
1 Orasan MS, Bolfa P, Coneac A, Muresan A, Mihu C. Topical Products for Human Hair Regeneration: A Comparative Study on an Animal Model. Ann Dermatol. 2016 Feb;28(1):65-73
3 Suchonwanit P, Thammarucha S, Leerunyakul K. Minoxidil and its use in hair disorders: a review. Drug Des Devel Ther. 2019 Aug 9;13:2777-2786
4 Purnak T, Senel E, Sahin C. Liquid formulation of minoxidil versus its foam formulation. Indian J Dermatol. 2011 Jul;56(4):462
5 Gogtay JA, Panda M. Minoxidil topical foam: a new kid on the block. Int J Trichology. 2009 Jul;1(2):142
6 Bergfeld W, Washenik K, Callender V, Zhang P, Quiza C, Doshi U, Blume-Peytavi U. A Phase III, Multicenter, Parallel-Design Clinical Trial to Compare the Efficacy and Safety of 5% Minoxidil Foam Versus Vehicle in Women With Female Pattern Hair Loss. J Drugs Dermatol. 2016 Jul 1;15(7):874-81
7 Herskovitz I, Freedman J, Tosti A. Minoxidil induced hypertrichosis in a 2 year-old child. F1000Res. 2013 Oct 28;2:226
8 Nestor MS, Ablon G, Gade A, Han H, Fischer DL. Treatment options for androgenetic alopecia: Efficacy, side effects, compliance, financial considerations, and ethics. J Cosmet Dermatol. 2021 Dec;20(12):3759-3781
9 Gupta AK, Talukder M, Venkataraman M, Bamimore MA. Minoxidil: a comprehensive review. J Dermatolog Treat. 2022 Jun;33(4):1896-1906
10 Andy G, John M, Mirna S, Rachita D, Michael K, Maja K, Aseem S, Zeljana B. Controversies in the treatment of androgenetic alopecia: The history of finasteride. Dermatol Ther. 2019 Mar;32(2):e12647
11 Pompili M, Magistri C, Maddalena S, Mellini C, Persechino S, Baldessarini RJ. Risk of Depression Associated With Finasteride Treatment. J Clin Psychopharmacol. 2021 May-Jun 01;41(3):304-309
12 Fertig RM, Gamret AC, Darwin E, Gaudi S. Sexual side effects of 5-α-reductase inhibitors finasteride and dutasteride: A comprehensive review. Dermatol Online J. 2017 Nov 11;23(11):13030/qt24k8q743
13 Siddiraju S, Sahithi M. Stability indicating RP-HPLC method development and validation for the simultaneous determination of aminexil and minoxidil in pharmaceutical dosage form. Ann Pharm Fr. 2015 Mar;73(2):114-22
14 Trüeb RM, de Viragh PA; Schweizerische Arbeitsgruppe fur Trichologie. Stellenwert der Kopfhaare und Therapie von Haarverlust bei Männern in der Schweiz [Status of scalp hair and therapy of alopecia in men in Switzerland]. Praxis (Bern 1994). 2001 Feb 15;90(7):241-8
15 Rezk MR, Essam HM, Amer EA, Youssif DMS. Chromatographic Methods for the Determination of Aminexil, Pyridoxine, and Niacinamide in a Novel Cosmetic Hair Preparation. J AOAC Int. 2020 Jul 1;103(4):1167-1172
16 Makky AMA, S El-Leithy E, Hussein DG, Khattab A. A Full Factorial Design to Optimize Aminexil Nano Lipid Formulation to Improve Skin Permeation and Efficacy Against Alopecia. AAPS PharmSciTech. 2023 Jan 18;24(1):40
17 Anran Y., Yueting G., Qiong B., et al, conditioned media-integrated microneedles, for hair regeneration through follicular angiogenesis, J. Controlled Release, 350, 2022, 204 – 214
18 Reygagne P., Kerob D., Pourradier F., Michelet J-F., Efficacité d’amlinexil clinical 5 chez des sujets avec une alopécie légère : résultats d’une étude internationale observationnelle, 147, 12, Supplement, 220, page A 354
19 https://ec.europa.eu/growth/tools-databases/cosing/details/33207
Vichy - Dercos technique Aminexil clinical 5, 21 monodoses : Aqua, alcohol denat, diaminopyrimidine oxide, acrylates/beheneth 25 methacrylate copolymer, aminomethylpropanol, arginine, BHT, caffeine, lactic cid, niacinamide, PEG-40 hydrogenated castor oil, piroctone olamine, pyridoxine HCl, safflower glucoside, sodium citrate, tocopherol, parfum.
Sérum Activateur anti-chute Aminexil Advanced de L'Oréal Professionnel Paris Série Expert : Aqua, Alcohol denat., Diaminopyrimidine Oxide, PEG-40 Hydrogenated Castor Oil, Triethanolamine, Carbomer, Mentha Piperita Oil, Menthol, Limonene, Polyquaternium-11, Linalool, Neohesperidin Dihydrochalcone, Safflower Glucoside, Hydroxycitronellal, Tocopherol, Sodium Citrate, Parfum
Shampooing Elsève Full resist : AQUA / WATER • SODIUM LAURETH SULFATE • DIMETHICONE • COCO-BETAINE • SODIUM CHLORIDE • GLYCOL DISTEARATE • GUAR HYDROXYPROPYLTRIMONIUM CHLORIDE • DIAMINOPYRIMIDINE OXIDE • COCAMIDE MIPA • SODIUM BENZOATE • SODIUM HYDROXIDE • ARGININE • SALICYLIC ACID • LIMONENE • FUMARIC ACID • BIOTIN • CARBOMER • CITRIC ACID • HEXYLENE GLYCOL • PARFUM / FRAGRANCE
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