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Jehanne, la « Pucelle d’Orléans », un portrait…

> 25 novembre 2019

Jehanne, la « Pucelle d’Orléans », un portrait…

Une histoire incroyable : «  Une enfant de douze ans, une toute jeune fille, confondant la voix de son cœur avec la voix du ciel, conçoit l’idée étrange, improbable, absurde, si l’on veut, d’exécuter la chose que les hommes ne peuvent plus faire, de sauver son pays », ainsi commence le récit de Jules Michelet.1

Comme chacun sait, « ce fut […] entre la Lorraine des Vosges et celle des plaines, entre la Lorraine et la Champagne, que naquit, à Domremy, la belle et brave fille qui devait porter si bien l’épée de la France. » Elle « était la troisième fille d’un laboureur Jacques Darc ou d’Arc et d’Isabelle Romée. » Née au début du XVe siècle, au pays des légendes, avec des « fées [qui] hantaient les bois », infestés de meutes de loups parcourant la campagne, « Elle grandit, devint forte et belle ».

Sainte Marguerite et saint Michel vont lui parler : « Jeanne, sois bonne et sage enfant ; va souvent à l’église », puis « Jeanne, va au secours du roi de France, et tu lui rendras son royaume ». Il fallait qu’elle parte, qu’elle quitte la Lorraine, ses parents, sa famille, ses amies, « surtout sa petite bonne amie Mengette […] et sa grande amie et compagne, Haumette », « cette douce maison », « ce petit jardin sous l’ombre de l’église »… et pour quoi ? Pour la guerre. Pour « aller parmi les hommes, parler aux hommes, aux soldats. »…

Première étape, Vaucouleurs, où elle arrive « avec ses gros habits rouges de paysanne », qu’elle devra rapidement troquer contre des vêtements masculins, « cet habit serré, fortement attaché, était sa meilleure sauvegarde. Elle était pourtant jeune et belle. » Elle se présente devant Charles VII, comme « une belle fille et fort désirable, assez grande de taille, la voix douce et pénétrante. » au point qu’« un homme d’armes qui la vit et la trouva belle, exprima brutalement son mauvais désir ». « On équipa la Pucelle ; on lui forma une sorte de maison. » Et alors, « Ce fut une merveille pour les spectateurs de voir la première fois Jeanne d’Arc dans son armure blanche et sur son beau cheval noir ». « Une vierge populaire, jeune, belle, douce, hardie. » Surhumaine ? Non, à Blois, « Elle pleura, en voyant tant d’hommes morts sans confession. » Elle est blessée ; elle pleure encore en constatant la gravité de sa blessure. » « Ce monstre, ce diable, n’était après tout qu’une fille de dix-huit ans. »… On applique de l’huile et on la panse.

De l’huile, il va en être question un peu plus tard, lorsque « Charles VII fut oint par l’archevêque de l’huile de la sainte ampoule qu’on apporta de Saint-Remi. »

Quant à Philippe le Bon, il se soucie comme d’une guigne des malheurs de Jeanne. « Vingt-sept femmes, trois légitimes et vingt-quatre maîtresses »… pourtant il avait choisi comme devise « Autre n’auray »… Cela ne devait pas s’appliquer au foyer conjugal… Que voulez-vous, il aime « les Flamandes, les triomphantes beautés de Bruges, telles que Rubens les a peintes dans sa Madeleine de la Descente de croix. » « [C’]était un bon homme, selon les idées vulgaires, tendre de cœur, surtout aux femmes ».

Pendant ce temps, Jeanne est prise le 23 mai 1430. Et c’est là qu’entre en scène l’évêque Pierre Cauchon, de triste mémoire. Lors de son procès, il sera reproché à Jeanne ces vêtements d’homme dont elle s’affuble. Elle ne peut pourtant les quitter… et d’autant moins en la circonstance, puisque « trois soldats couchaient dans sa chambre ». « Enchaînée à une poutre par une grosse chaîne de fer, elle était presque à leur merci ».

Comme elle disait parfois « Ces Anglais me feront mourir »… Effectivement, ils la firent mourir, à Rouen, au « Vieux-Marché, le marché au poisson », brûlée vive, sous un écriteau sur lequel figuraient ces mots « Hérétique, relapse, apostate, ydolastre ». « Un secrétaire du roi d’Angleterre disait tout haut en revenant : « Nous sommes perdus, nous avons brûlé une sainte ! » »…

« La Pitié qu’il y avoit au royaume de France »… « Souvenons-nous toujours, Français, que la Patrie chez nous est née du cœur d’une femme, de sa tendresse et de ses larmes, du sang qu’elle a donné pour nous »…

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour ton portrait de Jeanne !

Bibliographie

1 Michelet J. Jeanne d’Arc, Folio, Barcelone, 2019

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