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Hercule Poirot, sociologie cosmétique et crimes à gogo !

> 27 février 2021

Hercule Poirot, sociologie cosmétique et crimes à gogo !

Chez Agatha Christie, la vie et la mort ne se conçoivent qu’entourées de cosmétiques. Les assassins se plaisent à empoisonner les crèmes à raser ou les crèmes de beauté. Les vernis à ongles permettent de simuler des taches de sang...

Hercule Poirot, malgré ses yeux de « chat », se classe définitivement dans la catégorie des chiens de chasse qui ne laissent jamais tomber une piste.1

Un parfum de marque à gogo pour une espionne de réputation internationale

Il semblerait que Mrs Vanderlyn ait dérobé un document ultrasecret. Cette rousse flamboyante ne passe pourtant pas inaperçue. Cette femme, « qui s’inonde de parfum », un parfum pas vraiment bon marché (« Je dirais même que c’est une des marques les plus chères du marché »), peut être littéralement suivie à la trace. Heureusement pour elle, son goût est infaillible. La fragrance choisie est de qualité. Tant mieux pour Hercule Poirot qui s’attache à ses pas. « Une femme empestant le parfum bon marché, c’est une des pires abominations de l’humanité. »

De la brillantine à gogo pour une riche héritière

Ruth Chevenix-Gore est l’une des plus jolies filles qu’Hercule Poirot ait connue. « Son teint clair et épanoui ne devait pas grand chose au maquillage. » Son opulente chevelure est rejetée en arrière et maintenue en place grâce à de la brillantine. Une maladresse... et c’est la tache de brillantine sur la jolie robe de soirée.

De la gomina à gogo pour un jeune homme de classe sociale inférieure

Gomina et « élégance ostentatoire » témoignent, pour Hercule Poirot, d’une « classe sociale inférieure ».

De la poudre à gogo pour une humble secrétaire

Dans le sac de Miss Lingard, l’incontournable poudrier témoigne de l’omniprésence de ce cosmétique du quotidien.

En conclusion

Hercule Poirot, moustache frétillante et souliers vernis, pratique la sociologie cosmétique sans le savoir. En humant l’air, en remarquant une tache de gras sur une robe de prix, en fouillant dans le sac des secrétaires, le célèbre détective remet chacun à sa place sur l’échiquier social. Une poudre ordinaire pour une secrétaire, pourtant peu ordinaire, un parfum de prix pour une espionne, qui n’a pas de prix, brillantine et gomina pour des beautés ostentatoires... Du valet de chambre à l’héritière présumée, Hercule Poirot traque les habitudes cosmétiques, avec méticulosité.

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, qui illustre, une nouvelle fois, Agatha Christie !

Bibliographie

1 Christie A. Poirot résout trois énigmes - Feux d’artifices, L’invraisemblable vol, Le miroir du mort, Librairie des Champs-Elysées, 221 pages

 

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