Nos regards
Guillaume Musso, un céphaloclastophile qui joue avec nos nerfs

> 04 mai 2019

Guillaume Musso, un céphaloclastophile qui joue avec nos nerfs

Guillaume Musso se plaît à semer des pièces de puzzle un peu partout dans ses romans. Les destins se croisent et s’entrecroisent et nous voilà ficelées au beau milieu d’un enchevêtrement de fils qui nous lie pieds et mains. « Que serais-je sans toi ? » ne fait pas exception à la règle.1 Nous sommes ramenées en 1995, année où une blonde siliconée hurle « Dieu m’a donné la foi », dans tous les postes de radio.

Entre la France et les Etats-Unis, nous voilà ballotées, d’un bord sur l’autre, au gré de rencontres avec des personnages, plus malheureux les uns que les autres. N’allez pas croire que ces personnages sont indépendants... une force invisible va les mener à se rencontrer pour le meilleur ou pour le pire.

Il y a Archibald McLean, une sorte d’Arsène Lupin version XXIe siècle, qui vole les chefs-d’œuvre d’exception avec le plus grand sang-froid. C’est le visage dissimulé sous une « crème de camouflage » au charbon qui avait laissé « quelques traces noirâtres » sur sa peau, qu’Archibald se lance à l’assaut du musée d’Orsay. Il ne s’agit pourtant pas d’une midinette à la peau grasse, mais bien un sexagénaire manipulateur qui s’est donné pour mission de tirer les fils qui animent les marionnettes dont il est bien décidé à guider les pas.

Il y a une Ministre de l’Intérieur aux « cheveux d’ébène », au « regard noirci au khôl », qui tance vertement le directeur de la PJ et le chef de la sécurité du célèbre musée pour leur désinvolture.

Il y a Martin Beaumont, un jeune policier, tatoué sous la clavicule de « l’étoile surplombant la dune », le dessin de « la dernière page du Petit Prince », qui n’hésite pas à sauter dans la Seine pour récupérer ce qu’il croit être un original de Van Gogh. Cette petite baignade nocturne lui vaudra de traîner derrière lui « une odeur douteuse », nécessitant une « bonne douche ». De sa période aux stups, Martin a gardé un certain goût pour le cannabis.

Il y a Valentine, une jeune femme à la fraîche « odeur de lavande ».

Il y a Gabrielle, une jeune femme qui roule en « coupé cabriolet Mustang de 1968, couleur Rouge Baiser », qui vit dans un nuage d’encens et se maquille toujours, « pas pour se faire belle, mais pour se cacher. » Elle garde, ainsi, toujours, sur elle, un « tube de mascara ». « Avec la brosse imbibée de produit, elle peigna délicatement ses cils, leur donnant plus de longueur et accentuant leur courbure ». Elle prend de « longues douches » lorsque cela ne va pas bien.

Il y a Mademoiselle Ho, une enquêtrice coréenne, au « parfum discret de fleurs coupées », qui roule en « coupé Lexus rouge cerise ».

Il y a une chirurgienne, Claire Giuliani, qui travaille aux urgences et n’est pourtant pas pressée de prendre soin de sa chevelure. Celle-ci est de couleur « violine » et s’harmonise parfaitement avec la teinte de sa « Coccinelle repeinte à la bombe d’une couleur mauve volontairement hideuse ».

Il y a une adolescente, Lizzie, dont le mascara laisse des traces sur ses joues.

Il y a des aéroports, des salles d’attente un peu spéciales appelées « zones des départs » où l’on attend plus ou moins sereinement un avion à destination de la vie ou de la mort. Il y a des comateux qui partagent des verres de whisky au moment le moins opportun... Il y a des verres brisés, des bébés que l’on retrouve dans des poubelles, des chutes vertigineuses...

Tout comme Archibald McLean, Guillaume Musso sait parfaitement où il nous emmène. Plutôt que de traîner un puzzle encombrant de 1000 pièces, il est plus simple de se munir d’un livre qui tient dans une poche lorsque l’on s’apprête à partir en voyage. Mais, que serions nous sans Guillaume Musso pour tuer le temps dans les salles d’attente des aéroports ?

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour vous montrer, aujourd'hui, Guillaume Musso comme vous ne l'aviez, sans doute, jamais vu !

Bibliograhie

1 Musso G. Que serais-je sans toi ? Pocket, 445 pages, 2013

Retour aux regards