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French Kiss de Caudalie ou l’art d’accommoder les restes !

> 14 février 2018

French Kiss de Caudalie ou l’art d’accommoder les restes !

A l’heure où sticks labiaux et baumes à lèvres sont mis sur la sellette au point que certains députés se piquent de vouloir réglementer leur composition (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/des-deputes-qui-ne-doivent-pas-etre-constipes-pour-une-loi-qui-sera-vite-enterree-442/) il semble bien téméraire de vouloir hydrater et protéger ses lèvres et il paraît bien hardi de vouloir teinter ses lèvres ou les faire briller !

Confier ses lèvres à Caudalie, ce laboratoire qui met la vigne au cœur de ses formules, est assez naturel si l’on se rappelle que le raisin (autre nom donné au bâton de rouge à lèvres) porte ce nom en mémoire du temps où le raisin noir était utilisé afin de teinter les lèvres.

Au XVIIe siècle, Louise Bourgeois nous chuchote ses secrets cosmétiques et nous révèle le moyen d’arborer des lèvres « vermeilles et fort agréables ». Le baume labial qu’elle nous concocte est 100 %, naturel comme on peut bien le supposer. Du beurre, de l’eau de rose, de l’orcanette et une belle grappe de raisins noirs sont nécessaires pour mettre au point la pommade qui nourrira et teintera les lèvres (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/louise-bourgeois-avec-un-g-comme-gaiete-363/).

Les formules modernes ont abandonné le beurre qui restera dans le réfrigérateur jusqu’à ce que l’on ait besoin de lui pour beurrer les tartines ou confectionner un certain beurre blanc, cher au cœur des Nantais.

Pour une présentation sous forme de stick, on mélangera des cires, des graisses et des huiles en proportions variables ; on n’oubliera pas d’y adjoindre des colorants (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/rouge-a-levres-la-bouche-rouge-avec-ou-sans-maalox-410/). Le stick devra être suffisamment dur pour ne pas céder à tout propos et suffisamment tendre pour une application agréable. C’est au chimiste Paul Baudecroux que l’on attribue l’invention du rouge à lèvres moderne, un rouge à lèvres dont la composition a été étudiée avec soin afin de remplir au mieux le cahier des charges (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/pas-de-rouge-baiser-sans-rene-gruau-118/).

Pour une présentation sous forme de baume, on mélangera de même des cires, des graisses et des huiles. Seule la proportion des ingrédients variera alors.

Le French Kiss Caudalie se décline en trois teintes ; du plus clair au plus foncé, on nous propose les versions « Innocence », « Séduction » ou encore « Addiction ».

De l’huile de ricin aux propriétés filmogènes et dispersantes (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/castor-oil-et-ricinus-communis-oil-bonnet-blanc-et-blanc-bonnet-65/), de la cire d’abeille blanche et de l’huile de ricin hydrogénée pour la consistance, de l’huile de tournesol et un ester de l’acide isostéarique (polyglyceryl-3 diisostearate) pour leurs propriétés émollientes, de la silice en tant que gélifiant… telle est la composition du corps blanc. On y ajoute du parfum, des colorants (dioxyde de titane, une laque de couleur rouge, des oxydes de fer), un édulcorant intense acalorique, le sucralose qui possède un pouvoir sucrant de 600 (Bernadene A. Magnuson, Ashley Roberts, Earle R. Nestmann, Critical review of the current literature on the safety of sucralose, Food and Chemical Toxicology, 106, Part A, 2017, 324-355).

Comme actifs, on retrouve un extrait de vigne (Vitis vinifera) qui est la signature de la marque. Le laboratoire Caudalie ne se focalise, toutefois, pas uniquement sur la peau du raisin (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/caudalie-soleil-divin-a-consommer-sans-moderation-248/), il s’intéresse également à l’aloe vera. Contrairement à la grande majorité des produits de la concurrence, ce n’est pas l’exsudat que l’on peut obtenir à partir des feuilles qui a retenu l’attention des formulateurs de la marque, mais un extrait de feuilles (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/aloe-vera-c-est-trop-beau-pour-etre-vrai-422/).

Après avoir optimisé les sous-produits de la peau du raisin, résidu obtenu après traitement à des fins de vinification, Caudalie, en bonne ménagère, continue son travail de recyclage en s’attaquant au végétal à la mode. L’extraction à grande échelle du gel d’aloe vera aboutit à la production d’un monceau de « peaux de feuilles » qui pose un problème d’un point de vue environnemental. La « chasse au gaspi » est lancée ! Ces peaux contenant des polyphénols aux propriétés anti-radicalaires et des polysaccharides aux propriétés hydratantes (Xiao-Dan Shi, Shao-Ping Nie, Jun-Yi Yin, Zhi-Qiang Que, Xiao-Jun Huang, Polysaccharide from leaf skin of Aloe barbadensis Miller: Part I. Extraction, fractionation, physicochemical properties and structural characterization, Food Hydrocolloids, 73, 2017, 176-183) méritent tout de même mieux que de se retrouver au rebut. Parce qu’elles le valent bien, elles finiront leur vie sur les lèvres des adeptes de la marque…

Pour la Saint Valentin ou pour une autre occasion, Caudalie nous propose des baumes labiaux « intelligents » (c’est à la mode cette année) qui mêlent ingrédients traditionnels et produits de recyclage ingénieux !

French Kiss Caudalie : Ricinus communis (castor) seed oil, cera alba/beeswax/cire d’abeille, hydrogenated castror oil, helianthus annuus (sunflower) seed oil, polyglyceryl-3 diisostearate, silica, parfum (fragrance), CI 77891 (titanium dioxide), palmitoyl grape seed extract, sucralose, aloe barbadensis leaf extract, gallic acid, glyceryl stearate, cera carnauba/copernicia cerifera (carnauba)/cire de carnauba, CI 15850 (Red 7), camellia sinensis leaf extract, CI 77491 (iron oxides), polyhydroxystearic acid, citral, geraniol, limonene, linalool.

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour sa jolie manière de fêter les Valentine... et les autres !

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