> 06 août 2022
Deux amoureux dans une voiture, un vendredi soir.1 Un week-end à la mer qui s’annonce plutôt bien. « P’tite souris » (c’est le surnom de la trentenaire amoureuse) et « Hoosie » (c’est le surnom de son grand gaillard d’amoureux) se rendent sur la plage et se mettent à rôtir sur le sable chaud. Le temps est magnifique, la météo semble sereine. Oui, mais voilà... quelques réflexions malheureuses, une panne en mer, une pluie qui ne veut plus s’arrêter... et la belle harmonie est détruite.
Dans la jolie petite voiture qui mène nos amoureux sur leur lieu de villégiature règne une harmonie parfaite. Nos deux tourtereaux n’ont pas besoin de parler, tant leur communication non verbale fonctionne bien. Aveuglés par le soleil de leur amour, l’un comme l’autre ne s’aperçoivent pas de leurs petits défauts réciproques.
« Elle ne remarqua pas le coup de soleil qui lui barrait le front et qui devenait plus rouge à chaque kilomètre. Il entraperçut sous un béret une boucle sombre qui se tortillait vers le haut exactement comme il fallait, mais ne remarqua pas les plaques de poudre mal étalée sur son nez. »
En maillot de bain, les mollets de P’tite souris sont étonnement « gros » ! Pour la première fois, Hoosie en fait le constat.
Une petite balade en mer, sur un beau bateau rouge, assorti à la couleur du béret de P’tite souris. Une panne qui vient tout gâcher... Hoosie n’est qu’un « incapable » ! P’tite souris prend subitement « conscience du coup de soleil qui barrait son front. Et il n’avait pas beaucoup de cheveux sur le dessus du crâne non plus. »
Dans la chambre d’hôtel, Hoosie et P’tite souris se sèchent tant bien que mal... P’tite souris s’est enrhumée (il faut dire que la panne a duré dans le temps) et Hoosie n’est pas fier de lui. La rancœur transpire par tous les pores de ces deux êtres. Comme des chiens de faïence, nos deux amoureux s’observent du coin de l’œil. « Parfois elle lui jetait un regard de côté et remarquait le coup de soleil qui lui barrait le front. Il devinait la couche de poudre mal étalée sur son nez. Ils n’étaient plus amoureux ».
En 24 heures, Hoosie et P’tite souris ont fait le tour de la question. La complicité du départ n’est plus qu’un lointain souvenir. Le silence est désormais lourd de hargne et de colère. Hoosie est un gros balourd ; P’tite souris n’est guère aguichante. Une panne de bateau, une bonne saucée et voilà les nobles sentiments qui se mettent à se diluer dans l’humidité ambiante. Chez Daphné du Maurier, les cosmétiques ne sont pas waterproof… pas plus d’ailleurs que les sentiments...
Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour l'illustration du jour !
1 du Maurier D., Week-end in La poupée nouvelles, Albin Michel, 2013, 251 pages
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