> 21 mai 2022
Jack London, dans ces quelques nouvelles,1 nous livre des portraits qui réchauffent le cœur, malgré la température extérieure.
« C’était un personnage frappant et extrêmement pittoresque dans sa tenue de laine et de fourrures propre à l’Arctique. Haut de plus de six pieds, avec une largeur d’épaules et de poitrine à l’avenant, le visage bien rasé teinté d’un rose vif par la morsure du gel, ses longs cils et sourcils blancs de givre […] il avait l’air, en vérité de Jack Frost tout juste sorti de la nuit. »1 Référence est faite dans cette description à Jack Frost, un personnage mythique symbolisant l’hiver.2 Mais reprenons la description de notre héros. « Malgré sa jeunesse, les rides s’étaient creusées sous l’effet du labeur et des privations. Chaleureux dans la conversation, ses yeux bleus avaient en eux cet éclat tranchant qui se révèle dans l’action et particulièrement dans l’adversité. La lourde mâchoire et le menton carré manifestait son inébranlable ténacité et son caractère indomptable. »
« Le jeune homme était svelte et gracieux. Il avait le puissant nez aquilin et le grand front caractéristique de sa race, mais du fait de quelque tic nerveux, l’une de ses paupières retombait de temps à autre en un clignement aux évocations étranges. » Peut-être un patient redevable de la toxine botulique ?3
« Elle était belle à regarder […] avec ses membres solides, sa poitrine ferme et ses hanches faites pour la maternité. Le bronze de son visage prenait des reflets dorés dans la lueur vacillante, ses cheveux de teinte bleu sombre, et ses yeux noirs brillaient d’un éclat de jais. »
Quatre têtes lui seront apportées, comme autant de trophées : « Nee-Koo aux traits délicats, la vieille tête ridée de Gnob, Makamuk souriant avec sa lèvre relevée et, pour finir, Nossabok, dont la paupière, comme à l’accoutumée, retombait sur sa joue de fille en un clignement singulier. »
Ecoutons maintenant Sigmund, « Le chanteur, le teint clair et l’œil joyeux ». « Il avait les yeux bleus, les cheveux blonds et c’était un plaisir que d’observer sa belle vigueur ». Il pense à sa belle… « A ses yeux bleus comme le ciel d’été et rieurs comme la mer luisant au soleil, à ses cheveux blonds comme les miens et à ses grosses tresses ! »
« Il avait le visage barbouillé de tatouages sauvages et les épaules couvertes d’une peau de loup dont les dents étincelantes et le museau cruel surmontaient sa tête. »
Qui est-il ce « jeune gars, qui dormait enveloppé dans les fourrures, barbu, livide et las » ? A son réveil, il se « retrouve aussi peu viril qu’un Athénien efféminé ! »
Lon McFane, il s’appelle. Lon McFance, « ce p’tit Irlandais avec les cheveux roux et le grand sourire. »
« Avec presque pas de nourriture, la morsure du froid est féroce et nos visages étaient noirs et gelés au point que nos propres mères ne nous auraient pas reconnus. Et nos pieds nous faisaient très mal. »
Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour ce détour au pays des trapeurs !
1 London J. Une femme de cran et autres nouvelles, folio ed., 2020, 120 pages
2 Qui est Jack Frost ? - Spiegato
3 Awan KH. The therapeutic usage of botulinum toxin (Botox) in non-cosmetic head and neck conditions - An evidence based review. Saudi Pharm J. 2017;25(1):18-24.
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