> 26 juin 2022

Marianne (Sis, pour sa sœur) a 18 ans. Tout va bien avec ses frère et sœur, jusqu’à ce qu’un amoureux, Tuck, ne vienne frapper à la porte de son cœur.¹ Désormais, finis les jeux, les rires, les promenades complices. Bonjour, les tourments, les pleurs, les bouderies, les chicaneries. C’est fou comme un garçon est susceptible de semer la zizanie dans une fratrie, pourtant, jusqu’alors, fort unie...

Marianne, une intellectuelle pas très coquette

Lorsque Marianne commence à sortir les yeux de ses bouquins pour fréquenter Tuck, c’est sa petite sœur de 13 ans qui lui donne des conseils esthétiques. « L’été dernier quand elle a commencé à sortir avec Tuck, c’est moi qui lui faisais parfois remarquer qu’elle avait tort de porter des socquettes, car il avait peut-être l’intention de l’emmener en ville, ou qu’elle aurait intérêt à s’épiler les sourcils au-dessus du nez comme les autres filles. » Des cheveux d’un « roux éclatant »... voilà certainement l’atout majeur de la jeune fille (« Ses cheveux d’un roux éclatant étaient en désordre sur l’oreiller ». En désordre mais très beaux. ») Un trait de rouge à lèvres et voilà la routine-beauté de Marianne. Le rouge à lèvres OK… sauf dans les situations d’urgence, lorsque Tuck arrive à l’improviste, par exemple (« Elle s’est habillée tellement vite qu’elle n’a même pas pris le temps de se mettre du rouge à lèvres. »).

Dan, un manuel boutonneux

Dan est un garçon peu intéressé par les livres. Le côté technique des choses le réjouit beaucoup plus que leur aspect littéraire. Grand et mince, Dan souffre d’acné. « Il a des boutons sur la figure. Il n’est pas très à l’aise dans sa peau et pas très beau garçon. »

Comme ça, en bref

Comme ça, tout simplement, Carson McCullers réenfourche son thème fétiche, celui d’une fratrie déstabilisée par l’arrivée d’une tierce personne. La petite dernière de la fratrie (le narrateur de la nouvelle), âgée de 13 ans, n’en démord pas. Le bonheur est dans l’enfance... surtout ne pas grandir, pour ne pas risquer de l’abîmer. Surtout ne pas grandir, surtout ne pas « mettre du rouge à lèvres et des bas » ! (« Et quand certaines filles ont annoncé qu’elles allaient se mettre du rouge à lèvres et des bas, j’ai dit que même pour cent dollars je ne ferai pas la même chose. ») Surtout ne jamais devenir une Sis bis ! « Je refuse de grandir » !

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration du jour !

Bibliographie

¹ McCullers C., Comme ça in Le coeur hypothéqué, Le livre de poche, 342 pages, 2017