> 12 mai 2018
Le psoriasis est une pathologie chronique qui touche 3 à 5 % de la population européenne. Dans 30 % des cas, le psoriasis s’inscrit dans une histoire familiale. Sur un plan clinique, on observe des plaques érythémato-squameuses, parfois pustuleuses, siégeant préférentiellement au niveau du cuir chevelu, des genoux et des coudes, de l'ombilic, des organes génitaux, des membres inférieurs antérieurs et des ongles (Eleanor Higgins, Psoriasis, Medicine, 45, 6, 2017, 368-378).
Si par le passé cette pathologie a constitué une énigme pour les médecins (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/le-psoriasis-une-etymologie-floue-en-revanche-des-temoignages-tres-clairs-609/), elle ne l’est plus actuellement pour le corps médical… Les patients, quant à eux, ont des avis divers et variés sur la question de l’origine de leur état. Si la majorité y voit la conséquence d’un stress ou d’un mal-être, ils sont 25 % à considérer que cette pathologie est provoquée par un agent infectieux, 7 % à la relier à la consommation de drogue, 4 % à la consommation d’alcool et au fait de fumer, 5 % à la décrire comme la maladie de la pauvreté et de la dénutrition ou de la pollution (3 % dans ce dernier cas). Reste un faible pourcentage qui établit un lien entre psoriasis et une autre pathologie sous-jacente (Muhterem Polat, Başak Yalçın, Nuran Allı, Perspectives of psoriasis patients in Turkey, Dermatologica Sinica, 30, 1, 2012, 7-10).
Cette pathologie multi-factorielle est difficile à traiter et altère considérablement la qualité de vie des patients, dans le cas des formes les plus sévères. On note l’implication d’un caractère génétique (le gène PSOR1 de susceptibilité au psoriasis est localisé sur le chromosome 6), d’un caractère infectieux (implication de bactéries type Streptocoque dans le cas du psoriasis en gouttes qui survient consécutivement à une infection de type pharyngite par exemple) (Elle H. de Moll, Mary Wu Chang, Bruce Strober, Psoriasis in adults and children: Kids are not just little people, Clinics in Dermatology, 34, 6, 2016, 717-723), d’un caractère environnemental (conditions de stress), d’un caractère immunologique (on emploie le terme de pathologie auto-immune du fait de l’implication des kératinocytes avec des cellules présentatrices des antigènes, les cellules de Langerhans et de lymphocytes T). Sous l’action d’un antigène, les lymphocytes T sont activés et il y a déclenchement de la réaction inflammatoire. On constate également une prolifération des kératinocytes beaucoup plus importante qu’en temps normal (J. Joachim, N. François, P. Piccerelle, J. Kister, F. Aubin, Mécanismes et traitements du psoriasis, La Presse Médicale, 34, 22, Part 1, 2005, 1727-1736).
La prise en charge par voie topique du psoriasis peut se faire de différentes façons. Les formes les moins sévères pourront être traitées exclusivement de cette manière. Dans les autres cas, un traitement systémique s’impose.
Les dermocorticoïdes agissent sur la composante inflammatoire ; ils peuvent être associés à de l’acide salicylique qui permet de réduire l’épaisseur cutanée. La corticothérapie permet la disparition des lésions ; on parle dans ce cas du « blanchiment » des lésions. Sans tomber dans la corticophobie, il faut se rappeler que les corticoïdes doivent être appliqués sur de petites surface et en couche mince, que l’arrêt du traitement doit être progressif, afin d’éviter une rechute ou une aggravation. Les préparations à base de vitamine D inhibent la prolifération des kératinocytes. Le tazarotène, un rétinoïde acétylénique, possède, quant à lui, un mécanisme d’action encore mal connu. Les goudrons sont de moins en moins utilisés du fait de leur odeur, de leur caractère salissant et surtout de leur profil toxicologique inquiétant (François Pillon, Jacques Buxeraud, Françoise Couic-Marinier, Les traitements locaux du psoriasis, Actualités Pharmaceutiques, 54, 548, 2015, Pages 21-25) (Kapila V. Paghdal, Robert A. Schwartz, Topical tar: Back to the future, Journal of the American Academy of Dermatology, 61, 2, 2009, Pages 294-302). Le nombre de spécialités médicamenteuses en renfermant est de moins en moins important d’année en année. Reste un goudron végétal, l’huile de cade. La solution pour application cutanée Caditar n’est même plus commercialisée depuis décembre 2014 ; en revanche, le shampooing Hegor à l’huile de cade l’est toujours.
Afin d’apaiser le prurit, on conseillera la réalisation de bains qui permettent de ramollir la peau et de faciliter l’élimination des squames. Le bien-être ressenti est cependant de courte durée. Des cures thermales qui associent détente et bains peuvent être recommandées.
En ce qui concerne le psoriasis siégeant au niveau du cuir chevelu, il est important de rassurer le patient en lui précisant que cette pathologie n’est pas accompagnée de chute de cheveux. La réalisation de masques capillaires renfermant des corps gras émollients est recommandée. Tout ce qui peut être source d’agressions (sèche-cheveux, peigne…) sera évité soigneusement.
Au niveau cutané, l’application de cosmétiques émollients est recommandée. L’hydratation est le maître-mot.
En ce qui concerne les expositions solaires, elles sont, en théorie, recommandées dans la mesure où elles améliorent l’état de la peau, toutefois, le risque de cancer photo-induit reste bien présent et incline à recommander les mesures générales de protection telles que l’usage de vêtements, de lunettes, de produits de protection solaire. Pour les expositions de loisir, on suivra donc les conseils de prudence habituels et on appliquera un produit de protection solaire haut indice en couche épaisse toutes les 2 heures.
L’héliothérapie était connue dès l’Antiquité et on sait que les Egyptiens associaient les séances d’exposition aux UV à l’administration de décoctions réalisées à l’aide de plantes photo-sensibilisantes ; la PUVAthérapie moderne reprend le même principe. Les psoralènes peuvent être administrés par voie orale ou localement. L’immersion dans un bain contenant 0,0001 % de 8-méthoxypsoralène pendant 15 minutes, suivie immédiatement d’une irradiation UVA à une énergie de 0,5 J/cm2 (selon une progression croissante avec un pas de 0,5 J/cm2 sans dépasser 4 J/cm2) est réalisée plusieurs fois par semaine sous contrôle médical. Ce procédé est jugé efficace et sûr (Ryoji Kubo, Shinnosuke Muramatsu, Yoko Sagawa, Chiyo Saito, Akimichi Morita, Bath-PUVA therapy improves impaired resting regulatory T cells and increases activated regulatory T cells in psoriasis, Journal of Dermatological Science, 86, 1, 2017, 46-53). Une vigilance s'impose tout de même.
C’est le terme “émollient” qui revient le plus souvent dans les publications qui traitent de la prise en charge du psoriasis… Les ingrédients émollients seront donc recherchés dans le cadre de la réalisation de cosmétiques destinés à ce public bien précis.