> 14 novembre 2024
Que de bêtises… La brave Bécassine est placée en apprentissage au Palais des dames, à Quimper, chez Mme Quiquou.1 Là, en toute naïveté, elle accumule les erreurs, les fautes, les bêtises, toujours en toute candeur. Puis elle quitte ce palais, pour travailler dans une auberge, où elle accumule à nouveau les bévues, au point de se faire renvoyer. Il ne lui reste plus qu’à tenter de convaincre la bonne Mme de Grand-Air de la prendre à son service ce qui est fait de grand cœur !
Annaïk Labornez, autrement dit Bécassine, est têtue comme une mule. Comme l’une de ses ancêtres qui, ayant fait le vœu de ne pas laver jusqu’au retour de son pêcheur de mari (celui-ci suite à un naufrage a été absent plus de 12 ans), s’est retrouvée toute noire, face à son époux lorsque celui-ci a été enfin de retour, Bécassine ne revient jamais sur sa parole !
Le premier jour passé au Palais des dames, notre brave bretonne se réveille très tard en sursaut. Le coq ne l’a pas réveillée. Il en découle une toilette sommaire. Aussi, lorsque les autres employées veulent l’embrasser, Bécassine, franche comme l’or, prévient : « Vaut mieux que vous remettiez à demain de m’embrasser, vu qu’aujourd’hui, j’ons guère eu le temps de laver les joues.
Au bal, lorsqu’Yvonnic l’invite à danser, en lui disant qu’il n’a malheureusement pas de paire de gants convenable, Bécassine lui répond naïvement : « ça ne fait rien : j’me laverons les mains après, et j’vas protéger ma robe. »
A la fête du patronage, rien à faire, Bécassine est toujours à temps et contre-temps. Mme la baronne de Grand-Air a donné « des pots de rouge », pour s’en mettre sur les joues, afin de ne pas avoir l’air de « Pierrot », sous les lumières crues de la scène. Bécassine, qui est en retard et s’est emberlificotée dans sa robe, met « du rouge au hasard » sur sa figure, sans précaution, ni soin, et arrive ébouriffée sur scène.
Après le Palais des dames (Mme Quiquou n’a pas pu garder la pauvre Bécassine), la voilà à l’auberge de M. Bogozier, un grand amateur d’escargots. Alors qu’il a demandé à Bécassine de lui préparer son plat favori, il constate que les escargots ont été vidés de leur précieux contenu. « Ben sûr, répond Bécassine. J’ons point craint ma peine. J’les ons récurés avec le savon noir et la brosse de chiendent, et j’ons retiré les sales petites bêtes qu’étaient dedans. »
Dans cet album, on découvre une Bécassine adolescente, qui grandit d’un seul coup d’un seul, au point d’avoir l’air ridicule dans sa robe traditionnelle, devenue trop courte ! Un cœur d’or, qui amuse le lecteur et lui fait découvrir la vie d’une petite apprentie au début du XXe siècle.
1 Caumery, Pinchon, Bécassine en apprentissage, Gautier-Languereau, Paris, 1980, 61 pages