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Crayola méga baume lèvres… finalement ni pour les lèvres, ni pour les dessins !

> 29 juillet 2017

Crayola méga baume lèvres… finalement ni pour les lèvres, ni pour les dessins ! Les « crayons à la cire » Crayola et les youtubeuses beauté se sont rencontrées, il y a déjà quelques années. En 2014, par exemple, Lau propose de réaliser des rouges à lèvres à base de Crayola ! Ceux-ci sont mélangés à de l’huile de coco, le tout est chauffé et coulé dans le conditionnement choisi. (https://www.youtube.com/watch?v=ddW_4Nm8jAc). Mais qu’inventeront-elles encore ?...

On ne peut, bien sûr, pas recommander ce type de détournement de produit. Les matières premières utilisées n’étant pas des ingrédients cosmétiques, elles n’ont subi aucun des contrôles réglementaires (tests d’innocuité, de pureté…) imposés par la Réglementation européenne !

Si les crayons Crayola sont appréciés des enfants pour réaliser de beaux dessins, ils ne sont, en revanche, absolument pas destinés à constituer des produits de maquillage.

Face à cet engouement, la société qui commercialise les célèbres crayons a commencé par alerter sur ce mésusage. Par la suite, l’idée a germé chez eux de se lancer dans la formulation cosmétique.

Le résultat est une boîte de 5 crayons Mega baumes-lèvres de couleur rose pâle à violet. Il faut bien l’avouer, ces crayons ne sont agréables à utiliser ni comme baumes à lèvres (beaucoup trop gras) ni comme crayons de couleur (pour la même raison). Et oui, le mésusage existe dans les deux sens, même s’il est moins dangereux pour un artiste en herbe de détourner les produits de maquillage de sa maman pour en faire de superbes dessins que de réaliser un maquillage corporel à l’aide de crayons destinés à l’art plastique !

Du côté des ingrédients incorporés, on retrouve différentes matières premières lipophiles : paraffine liquide, cire de synthèse, huiles et beurre d’origine végétale. Les parfums qui rappellent le monde de l’enfance et de la confiserie sont sources d’allergènes. Les colorants sont utilisés en très faibles concentrations ce qui explique le ressenti à l’application. Le film déposé sur les lèvres est très faiblement coloré.

On s’étonnera des mises en garde particulières figurant sur l’emballage et qui n’ont rien à faire ici. Un cosmétique n’étant pas un médicament, son utilisation ne doit pas engendrer d’effets indésirables. Les cosmétiques qui ont fait l’objet de la rédaction d’un DIP (Dossier informations produit) doivent avoir subi des tests d’innocuité avant leur mise sur le marché. L’ensemble du dossier est visé par un toxicologue qui atteste que le produit « ne devrait pas nuire à la santé humaine dans les conditions normales ou normalement prévisibles d’utilisation ». Des mentions telles que « Cesser l’application en cas d’apparitions ou éruptions de rougeurs ou démangeaisons. Consultez votre médecin si les irritations persistent. Uniquement pour usage externe. Ne pas appliquer autour des yeux. Uniquement pour une application sur les lèvres. » sont donc inutiles si toutes les précautions ont été prises en amont. Notons qu’un cosmétique est destiné uniquement à un usage topique (ou externe), il est donc, là encore, inutile de le préciser.

Formuler des produits de maquillage relève à la fois de l’art et de la science. Formuler un rouge à lèvres n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire. Crayola en fait la démonstration aujourd’hui !

Mega baumes-lèvres Crayola : Paraffinum liquidum, polyisobutene, olea europeae fruit oil, synthetic wax, beeswax, microcrystalline wax, simmondsia chinensis seed oil, butyrospermum parkii extract, fragrance, phenoxyethanol, tocopheryl acetate, citral, limonene, linalool, benzyl alcohol, benzyl benzoate, citronellol. May contain : CI 15850:1, CI 42090:2, CI 45410/2, CI 19140 :1.

Merci beaucoup à Charles-Emilion qui, avec beaucoup de bonne volonté (et de talent) du fait de la piètre qualité de « l’outil » à disposition, a réalisé l’illustration du Regard du jour !


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