> 09 janvier 2022
Il y a une femme… Yannik… morte… dont on n’apprendra pas grand-chose… si ce n’est qu’elle était belle… Et puis, il y a cette autre, Lydia Towarski, qui fait irruption (elle déboule, par hasard) dans la vie de Michel Folain, un « pilote de ligne, de 45 ans, d’un mètre quatre-vingts ».1 « Un visage qui semblait avoir attendu les cheveux blancs pour réussir ce que la jeunesse et l’agrément des traits n’avaient fait qu’esquisser comme une promesse », « une femme aux cheveux blancs tumultueux ». « Elle portait ses cheveux blancs, très longs, jusqu’aux épaules » ; « les pommettes étaient hautes, saillantes et les yeux noirs semblaient ainsi étrangement éloignés […] ; les sourcils très droits portaient au milieu une ride profonde, comme un oiseau porte son corps. »
Alain est « un très bel homme […] bien que son visage manquât peut-être un peu de caractère, par un excès de régularité et de finesse des traits, un côté jeune premier à la raie impeccable. » Ce qui frappait chez lui, c’était « l’étrangeté du regard, qui évitait d’être ce que l’on appelait autrefois un « regard de velours » par un curieux manque d’éclat », signe évident de son état de santé.
« Un homme très beau, très distingué », capable, désormais, de prendre la main de son visiteur, tout en disant « popo petite marmite ko ko ko », sans s’arrêter, des heures durant…
Cette « vieille dame à la fois carrée et ronde » « avait des cheveux très noirs, partagés par une raie et réunis en un chignon surmonté d’un magnifique peigne d’écaille. » « Elle devait avoir plus de soixante-dix ans. »
Au milieu de ce petit monde désespéré et désespérant, on rencontre ce saltimbanque dont « les cheveux soigneusement teints pour laisser du beau gris aux tempes avaient trente ans de plus que mes souvenirs. » « Le nez « était conséquent, méphistophélique, couvrant de superbes narines. » « Des yeux d’olives noires où se lisait je ne sais quelle vieillesse de Casanova. » « Sa chevelure était […] un lieu secret. »
La maladie, la mort… la vie, quoi… dans ce beau et court roman de Romain Gary, porté à l’écran avec brio par Costa-Gavras, en 1979, et qui devait rafler plusieurs Césars.
Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour cette illustration en... clair-obscur...
1 Gary R., Clair de femme, folio, 1982, 180 pages
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