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Chez le coiffeur-visagiste LittérHair, des soins capillaires sans pareil !

> 07 novembre 2021

Chez le coiffeur-visagiste LittérHair, des soins capillaires sans pareil !

Le mercure, cet élément chimique utilisé au XIXe siècle pour réaliser l’étamage d’un certain nombre d’objets auxquels on souhaitait donner l’aspect de l’argent. Quelle duperie ! Le mercure, un élément chimique renfermé dans les thermomètres anciens pour détecter les prémices de la maladie. Il est possible de duper son monde pour faire monter la température artificiellement ! Le dieu Mercure, un messager, un protecteur des voyageurs... ou bien le chef des voleurs ? Ami ou ennemi ? C’est selon. Où souhaite donc nous entraîner Amélie Nothomb avec ce roman intitulé sobrement Mercure ?1 Sur une île où règne un vieillard de 77 ans, Omer Loncours ; Loncours de nom, mais large d’idées, si l’on en croit son appétit pour Hazel, sa jeune pupille âgée de 23 ans. Promenant son miroir de poche dans tous les recoins de la curieuse maison construite par Omer - tiens, c’est bizarre, Amélie n’a pas été fouillée à son arrivée sur l’île - l’écrivain projette sur les murs de notre esprit toutes sortes d’images variées... toutes sortes, oui, mais avec une exception. Le visage d’Hazel nous demeurera parfaitement inconnu.

Omer Loncours, un capitaine au « visage raviné »

Prématurément vieilli, Omer affiche les rides qui caractérisent les gens de sa profession. Des rides profondes, enchevêtrées, qui forment des décors géométriques au niveau de sa nuque qui porte alors le nom de nuque rhomboïdale. « L’apparence d’un vieillard », dès 40 ans... Et puis, d’année en année, une « détérioration physique » de plus en plus flagrante. Rien de très folichon.

Hazel, une jeune pupille aux cheveux magnifiques

Hazel, la jeune fille recueillie il y a 5 ans, par Omer, lors d’un bombardement homérique, est une jeune fille superbe ou superbement défigurée, difficile de le savoir. Aucun miroir ne nous renvoie son reflet... Isolée sur son île, Hazel vit dans le « luxe et l’insouciance ». On ne lui laisse « jamais prendre un bain sans en avoir troublé l’eau à force d’huile parfumée ». Un rituel antique, qui lui laisse l’âme lénifiée et la peau doucement embaumée. Conquise par Françoise, son infirmière, Hazel devient rapidement son amie. Une amie chargée de la soigner, mais également de s’occuper de ses longs cheveux, une « toison magnifique », de couleur noisette. Des « mains de génie », des mains exquises, qui guident la brosse, puis le peigne en « bois de camélia », dans la masse abondante, sans jamais meurtrir un seul cheveu. Hazel se rêve Japonaise, entre les mains de son infirmière, une Nippone « de haut lignage », aux cheveux infiniment longs. Elle s’imagine, accompagnée d’une cohorte de dames de compagnie, allant au bord de la rivière se coucher « près de la berge, de sorte que sa toison pendît dans l’eau. » Des servantes expertes, habituées à cette tâche (qui n’est pourtant réalisée que quatre fois par an), pénètrent dans l’eau et étalent la luxuriante chevelure à la surface de l’onde. A chacune sa mèche de cheveux. Une mèche qui est mouillée, puis lavée soigneusement, en comptant sur l’effet abrasif des « poudres de bois précieux tels que le camphre ou l‘ébène ». Un coup de serviette ou de sèche-cheveux, ensuite ? Vous n’y pensez pas. La chevelure est étalée sur l’herbe et éventée, mèche par mèche, par les servantes spécialisées. Toute une armée de « papillons » nécessaire, pour que le miracle opère et que la chevelure mouillée, tordue en un paquet, informe, ne se transforme, au fur et à mesure, en un habit de fête. Une manière poétique de se shampooiner la tête... Certes, mais, quand on pense que ce shampooing n’était réalisé que trimestriellement, on peut craindre le pire du point de vue de l’hygiène. « [...] les belles avaient le plus souvent une tignasse luisante de sébum. » !

Françoise Chavaigne, une infirmière sans lunettes, pour soigner une malade sans visage

Françoise Chavaigne est une jeune infirmière, à l’excellente vue et à la belle chevelure « châtaigne ». Recrutée par Omer, elle a passé les tests décisifs, nécessaires à son embauche : elle ne porte pas de lunettes. Appelée au chevet d’Hazel, Françoise se rend rapidement compte de l’état de santé psychologique précaire de la jeune fille. Que faire pour la soulager ? Des massages, afin de « faire refluer du corps toutes les humeurs toxiques ». Des humeurs toxiques, qui risquent de contaminer la soignante. De retour chez elle : des douches interminables, pour être aussi « propre » que « du matériel chirurgical » et pour chasser les miasmes accrochés à sa peau. Au matin, une « douche glacée », pour tonifier son esprit. Parfois, un petit tour dans le bourg de « Noeud », pour faire provision de « livres rares et précieux, de fleurs et de parfums. »

Mercure, en bref

Il y a comme un malaise sur cette île isolée. Une jeune fille sans visage, un vieillard au visage ravagé, une infirmière qui compte les points ! Et, au milieu de tout cela, une merveilleuse bibliothèque où l’on trouve aussi bien Stendhal (c’est pas pour la ramener, mais en ce qui concerne les rapports de Clélia et de Fabrice, le petit Sandrino nous renseigne clairement sur les rapports des deux héros !) ;2 que lady Amélia Northumb ou encore Baudelaire. De quoi s’échapper de cette ambiance pesante de manière magistrale. De quoi faire un songe étrange, celui d’un coiffeur-visagiste « Littér’Hair », où Henri vous recevra avec son célèbre shampooing sec à l’amidon, où Fabienne-Claire vous proposera un voluptueux massage du cuir chevelu aux bois précieux et où Charles vous enduira le crâne de son émulsion « huile de coco, musc, goudron », qui fait courir le tout Paris !

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration du jour !

Bibliographie

1 Nothomb A., Mercure, Albin Michel, 2020, 188 pages

2 https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/angelina-del-dongo-celle-qui-met-le-feu-aux-poudres-1515/

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