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Caramel… cosmétique, deux mots qui ne collent pas vraiment avec la réglementation !

> 10 septembre 2024

Caramel… cosmétique, deux mots qui ne collent pas vraiment avec la réglementation !

La société de matières premières Seppic est un fournisseur de matières premières pour l’industrie cosmétique et ce depuis 80 ans.1

On doit, entre autres, à cette belle société des ingrédients aussi magiques que le Sepigel® 305, un mélange de polymère gélifiant, de paraffine, anti-déshydratante et de tensioactif non ionique, permettant de mettre au point des gels-crèmes, sans effort, sans chauffage, sans souci du pH (puisque l’on peut, sans provoquer de trouble, réaliser des formules dont le pH est compris dans une fourchette de 3 à 12).2 Un vrai bonheur !

Pourtant, il y a de quoi réagir, lorsque l’on constate que cette belle société propose aux formulateurs de passer outre la réglementation cosmétique en ce qui concerne l’aspect et le conditionnement des formules proposées !

On s’explique.

Des textes très clairs pour le législateur

On le dit régulièrement sur ce site, mais il est, sans doute, utile de le rappeler, commercialiser un cosmétique en lui donnant l’aspect d’un aliment… ce n’est, réglementairement parlant, tout simplement pas possible.

Il y a comme garde-fous à cette dérive dangereuse, une Directive (avec son décret d’application) et un Règlement (qui ne nécessite pas de décret d’application pour pouvoir être appliqué).

L’article 10 du Règlement cosmétique (CE) N°1223/2009 nous indique que « La présentation d’un produit cosmétique, et en particulier sa forme, son odeur, sa couleur, son apparence, son emballage, son étiquetage, son volume ou sa taille, ne devrait pas compromettre la santé et la sécurité des consommateurs en raison d’une confusion possible avec des denrées alimentaires, conformément à la directive 87/357/CEE du Conseil du 25 juin 1987 concernant le rapprochement des législations des États membres relatives aux produits qui, n’ayant pas l’apparence de ce qu’ils sont, compromettent la santé ou la sécurité des consommateurs. »

La Directive de 1987 citée dans ce Règlement est, elle-même, on ne peut plus transparente, puisqu’elle pointe du doigt les produits « qui tout en n'étant pas des denrées alimentaires, ont une forme, une odeur, une couleur, un aspect, un conditionnement, un étiquetage, un volume ou une taille tels qu'il est prévisible que les consommateurs, en particulier les enfants, les confondent avec des produits alimentaires et, de ce fait, les portent à la bouche, les sucent ou les ingèrent, alors que cette action peut comporter des risques tels que l'étouffement, l'intoxication, la perforation ou l'obstruction du tube digestif. »

En cas de non-respect de ces textes réglementaires, on risque un retrait du marché.

Des textes très opaques pour l’industriel

Visiblement, il y a des problèmes de vue chez un certain nombre d’industriels travaillant dans le domaine des produits finis ou des ingrédients.

En effet, on trouve, toujours et encore sur le marché des gels douches limonade3 ou des savons cookies,4 ce qui témoigne d’un mépris total pour les textes en vigueur, d’une part, et de la santé du consommateur, d’autre part.

Et Seppic qui encourage ce genre de conduite

La société Seppic ne se prive pas de proposer une formule pour le moins étonnante. Un « beurre aussi appétissant que nourrissant », pour la peau ! Une formule présentée comme associée « au concept formules iconiques » ! Une formule à base d’ingrédients très loin d’être digestes, comme de la triéthanolamine, des polymères acryliques ou du phénoxyéthanol.

Un beurre qui possède la couleur du caramel et qui en possède la texture riche et onctueuse.

Et un rappel à l’ordre car des accidents sont prévisibles

Depuis 1976, c’est la sécurité du consommateur qui doit primer. Dans le cas des produits appétissants qui ressemblent à des aliments et peuvent donc être ingérés par des enfants, il convient de s’auto-censurer et de refuser d’entrer dans ce concept de produits dits « gourmands ».

La gourmandise est un vilain défaut… cosmétique !

Il ne fait pas bon ingérer un produit cosmétique, destiné à être appliqué sur la peau. Celui-ci peut contenir toutes sortes d’ingrédients qui ne conviennent pas pour un usage alimentaire.

Il convient donc de bien se mettre en tête ce slogan : « La gourmandise cosmétique est un vilain défaut ». Un défaut qu’il va falloir combattre très vite et très efficacement tant il est à la mode et source de conséquences graves.

Bibliographie

1 https://www.seppic.com/fr/nous-connaitre/seppic-en-bref#:~:text=Soci%C3%A9t%C3%A9%20d'Air%20Liquide%20Healthcare,%2C%20pharmaceutiques%2C%20v%C3%A9t%C3%A9rinaires%20et%20industriels

2 https://www.seppic.com/fr/sepigel-305tm

3 https://www.aupaysdesanes.com/fr/gel-douche-limonade-au-lait-d-anesse-biologique-abricot-100ml-61.html

4 https://mousseauxcouleurs.com/products/savon-cookie-mousse-2

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