Nos regards
Bas les masques avec Alice !

> 18 février 2021

Bas les masques avec Alice !

Quand une bande de voleurs opère masquée dans des soirées costumées dans la ville de River City, Alice Roy n’est pas loin.1 Tout commence chez les Harwick, Alice, costumée en grande dame espagnole est aux bras de son chevalier-servant, Ned, lui-même déguisé en grand d’Espagne (la folie des grandeurs !). Les boucles blondes d’Alice sont cachées sous une perruque brune, qui lui va à ravir. Les costumes viennent de la très célèbre maison Parnell, au « Joyeux-Carnaval ». Tout se passe bien, jusqu’à ce qu’Alice perde son loup en satin... Afin de conserver son incognito, elle cache alors son visage derrière une cagoule trouvée dans le parc de la propriété. Cette cagoule va déclencher une série de réactions en cascade. Enlevée à son partenaire par un mystérieux inconnu, Alice reçoit un billet renfermant un message visiblement codé. Un vol se prépare...

Et des vols spectaculaires vont se multiplier tout au long de la saison. Curieusement, toutes les réceptions sont organisées par la maison Parnell ! Grâce à Linda Sedley, une ancienne camarade de classe, employée de la maison Parnell, Alice sera aux premières loges ! Le sous-directeur M. Peter Tombar semble bien étrange et bien irrité de voir Alice se glisser dans le magasin à toute heure de la journée ! Il n’aurait pas la conscience tranquille qu’on ne serait pas étonné !

Tout tout tout sur les masques

Dans cette enquête pleine de charme, Alice, comme d’habitude, se renseigne à fond sur l’élément-clé de l’énigme. Cagoule, loup, masque... il faut se documenter sur ces objets de travestissement. Plongée dans un gros ouvrage, Alice devient experte et ce, d’autant plus, qu’elle trouve en M. Parnell (un collectionneur passionné de masques) et son employé M. Clark des professeurs plein de pédagogie.

Le loup de velours serait apparu sous Louis XIV. Ce masque aurait permis aux personnalités de la cour de se protéger des opportuns. Il était alors dangereux de se déplacer « à visage découvert ». « Autrefois, les grandes dames de France et d’Angleterre qui utilisaient beaucoup de poudre et de rouge portaient volontiers le masque afin de protéger leur visage du soleil, de la poussière et du vent. Les loups étaient de velours doublé de soie, et les yeux délicats de certaines élégantes s’abritaient parfois derrière des verres enchâssés dans les fentes du masque. »

Et l’experte nous parle de George Washington : « Saviez-vous que George Washington faisait porter un loup à sa femme et à la fillette de celle-ci pour qu’elles puissent se promener dans la rue sans qu’on les reconnaisse ? »

Masques pour « chasser les démons et esprits malfaisants », masques de magicien, masques en cire des Romains, masques en or des Egyptiens... Alice sait désormais tout sur l’histoire des masques.

Une perruque pour se transformer en Alice

Au cours de cette enquête, Marion va prendre la place d’Alice, ses cheveux bruns masqués sous une perruque blonde. Bien mal lui en prend. Un peu de chloroforme (« J’ai senti un parfum bizarre, une espèce d’odeur sucrée »), puis l’injection d’un sérum de vérité.... rien ne lui est épargné.

Un poudrier pour une voleuse en fuite

La voleuse masquée a laissé derrière elle « un long manteau de couleur bleu ». Dans l’une de ses vastes poches, un poudrier (on peut être une voleuse coquette !), dans l’autre une « cagoule de velours noir ».

Et puis des baisers gênants

Lorsque Ned plaque deux gros baisers sur les joues d’Alice, en pleine rue, la réaction ne se fait pas attendre : « Tu es fou, Ned ! Que vont dire les voisins ? »

Alice au bal masqué, en bref

Savoureuse cette enquête d’Alice. Lue et relue durant notre enfance, cette histoire de cagoules qui nous captivait tant nous amuse aujourd’hui et porte échos à cette époque où l’on sort masqué, non pour protéger le teint des rayons UV, mais pour se protéger d’un virus particulièrement coriace. Une voleuse qui oublie son poudrier, qui se grime en vieille dame, des voleurs qui se glissent dans des bals avec des tenues extravagantes... tous les ingrédients sont réunis pour passer un excellent moment.

Bibliographie

1 Quine C. Alice au bal masqué, Hachette, Bibliothèque verte, 1969, 254 pages

Retour aux regards