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Avec Gribouille, les cruches volent et l’huile de millepertuis est de sortie !

> 18 septembre 2020

Avec Gribouille, les cruches volent et l’huile de millepertuis est de sortie !

La sœur de Gribouille est un roman noir de la comtesse de Ségur. Tout commence par la mort de la femme Thibaut, mère de deux enfants, Caroline l’aînée et Babylas, le cadet, un jeune homme de 16 ans, un peu simplet et surnommé Gribouille. Comme le personnage qui se met à l’eau par crainte de se mouiller, Babylas va toujours au-devant des ennuis, en adoptant des comportements pour le moins enfantins. Sa sœur, qui a juré à sa mère, sur le lit de mort, de ne jamais abandonner son frère, va lâcher son travail de couturière pour se mettre au service du maire de la commune et de sa famille. Gribouille fait bien évidemment partie du lot...

Toutes les bêtises de Gribouille sont consignées avec soin par une comtesse bienveillante qui aime à montrer la belle âme de cet éternel enfant. Elle a dans son armoire à pharmacie de l’huile de millepertuis pour apaiser les blessures et des linges pour bander les plaies.

De l’huile de millepertuis contre les coups !

Rose, la bonne de la femme du maire, Mme Delmis, est une méchante femme qui en veut à Caroline et cherche à la discréditer auprès de celle-ci et de ses amies. Gribouille, qui aime sa sœur par-dessus tout, la défend bec et ongles, quitte à laisser des meurtrissures dans la chair de la vilaine femme. Heureusement, Caroline est là pour appliquer de l’huile de millepertuis sur les blessures et pour arrondir les angles.

Un shampooing d’eau grasse pour cheveux secs !

Lorsque Rose fait marcher sa langue de vipère pour critiquer Caroline, Gribouille n’hésite pas à lui verser un pot d’eau grasse sur la tête. Riposte de Rose : « Si je le trouve, je lui casserai les dents ! Je lui ferai prendre un bain dans la marmite ! ».

Une cruche d’eau bien pleine pour revenir d’un faux évanouissement

Rose exaspère tout le monde, à force de jérémiades et de critiques. Le maire, lui-même, perd toute patience et lui verse une cruche d’eau sur la tête pour la faire revenir d’un évanouissement totalement simulé. Le traitement le plus efficace : « de l’eau jusqu’à ce qu’on soit tout à fait bien »...

Chapeau et ombrelle pour un teint parfait

Mme Delmis est une dame comme il faut qui se préserve du bronzage, grâce à l’utilisation conjointe d’un chapeau et d’une ombrelle. Il s’agit dune femme exigeante qui veut que Caroline lui crêpe les cheveux du « dessous ». Le résultat est une coiffure volumineuse et « pas très commode », qui offre prise à tout ce qui passe... compotier de fruits rouges inclus ! Bonjour les dégâts. Cette femme, qui a la dent dure, a une mâchoire munie de fausses dents. Si elle apprécie Caroline, elle ne supporte, en revanche, pas Gribouille. Comme les deux font la paire, pour se débarrasser de Gribouille, elle est obligée de congédier la fidèle et douce Caroline qui faisait pourtant bien l’affaire et qui connaissait tous les « secrets intimes de sa toilette ».

Le savon, un cosmétique de base vraiment indispensable

Gribouille, avec toute sa naïveté, accumule boulette sur boulette. Pas toujours adroit (vase renversé...), pas toujours malin (il ouvre la cage des serins et ferme la grille de la propriété pour les empêcher de sortir), Gribouille collectionne les déconvenues avec Mme Delmis. Le ton monte ! Caroline et Gribouille sont renvoyés. De quoi se faire des sueurs froides à une époque où les indemnités chômage n’existent pas encore. Pour se rassurer, Caroline compte et recompte ses économies, plaçant le savon dans la liste des produits incontournables et indispensables. « En dépensant 30 francs par mois pour notre nourriture et 10 francs de savons, chandelle, épicerie, chaussures, etc... nous pourrons vivre 4 mois ; je gagnerai bien autant : ce qui me fera 4 mois d’avance. C’est bien ! »

Un brigadier à belles moustaches

Dans la vie de Caroline et Gribouille, un beau brigadier d’une trentaine d’années, va subitement apparaître...

De l’eau fraîche sur le front et les tempes

Pour Caroline qui se trouve mal ou pour Gribouille qui vient de recevoir une balle en s’interposant entre un voleur et le brigadier cher au cœur de sa sœur, de l’eau fraîche est appliquée sur le front et les tempes. Cela fonctionne pour Caroline. Pour Gribouille c’est un peu plus compliqué. Le médecin en sondant la plaie a découvert que la balle s’était logée dans la colonne vertébrale, dans une zone inaccessible.

Et encore du savon

Avant de refermer cet ouvrage, un tantinet austère, n’oublions pas la nièce du curé, Pélagie, une brave fille qui « fait la lessive, savonne, repasse, raccommode », avec une extrême bonne volonté.

Le ton de la comtesse de Ségur est grave lorsqu’elle aborde le problème du handicap et de sa prise en charge dans une société qui laisse peu de place à la différence. Gribouille, en se sacrifiant à la place du brigadier, offre un bel exemple d’amour fraternel et permet à la comtesse de finir sur une note positive. Les ennuis de Babylas sont bien finis. C’est au paradis qu’il monte rejoindre une mère aimante, qui l’attend depuis quelques mois.

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