> 25 janvier 2022
L’histoire des laboratoires Matis commence dans le préparatoire d’un pharmacien de quartier. En 1936, le Dr Mavromati, installé rue Fontaine, à Paris, ne se contente pas de mettre au point des préparations magistrales à des fins thérapeutiques ; il s’intéresse également vivement au domaine cosmétique, cherchant à mettre au point des formules destinées, à combler les attentes de sa clientèle féminine. Rue Fontaine, la fontaine de Jouvence du sieur Mavromati se met à couler... pour le plus grand bonheur de toutes celles qui, en se regardant dans la glace, font grise mine. A petite échelle, presque au cas par cas (on est alors de plain-pied dans le domaine de ce que l’on est encore loin d’appeler l’hyper-personnalisation), le pharmacien, muni de son trébuchet, pèse, avec précision, les ingrédients qui lui semblent les plus propices à magnifier la beauté de Mme A., de Mme B. et de Mme C...
Puis, c’est la guerre (pas vraiment le cœur de parler cosmétiques !) Puis, l’Après-guerre. 1946 voit la relève prise par le fils du Dr Mavromati. L’officine d’un côté où l’on vend ce que l’on nomme alors des « produits de beauté », le garage (où l’on met au point les formules de manière encore très artisanale) de l’autre... Voilà l’ancien salarié de L’Oréal qui souhaite se mettre dans la peau d’un entrepreneur. Et d’abord, trouver un nom de marque. Facile, lorsque l’on porte un nom de famille (d’origine grecque) « Mavromati ». Alors, pourquoi pas les cosmétiques Matis... et pourquoi pas commencer par des contours des yeux, qui gomment les poches et les cernes. Pourquoi pas ? Un certain Henri Matisse, ne joue-t-il pas, au même moment, avec ses pinceaux sur le visage de Lydia Delectorskaya... Jeu d’ombre et de lumière, pour un teint parfait. En lieu et place d’une palette de peintre, toute une gamme d’ingrédients, plus malins les uns que les autres. Un seul S à la fin de ce nom de marque, un S pour Séduire, Susciter la curiosité, Servir les femmes...
Après la Seconde Guerre mondiale, comme après toutes les guerres... place à la vie. On a frôlé la mort, on a vécu des années difficiles. On est prêt à croire le premier chercheur russe venu, pour peu qu’il vous promette de vivre mieux et plus longtemps. Le sérum de jeunesse de Bogomoletz fait, un temps, fureur, puis tout retombe comme un soufflé. Un soufflé qui intéresse diablement l’industrie cosmétique en général et Matis en particulier. La notion de sérum voit le jour ; conditionné en ampoule afin de flirter avec le domaine médical, le sérum semble avoir toutes les propriétés. Les extraits biologiques y abondent...1 Elastine et collagène se retrouvent ainsi associés dans une formule anti-âge qui promet d’aller loin... et mieux !
Dans le même esprit, Matis formulera par la suite une « émulsion amniotique » et une « crème embryonnaire », au plus fort de la vague « biologique » (le « biologique » des années 70 n’avait absolument pas le sens qu’il a aujourd’hui, mais faisait référence à l’usage d’ingrédients d’origine animale ou humaine tels que des hormones ou des extraits tissulaires).
Du garage du fils Mavromati, au groupe pharmaceutique Delalande (groupe fondé par le pharmacien Michel Delalande, dont la spécialité Solucamphre fut pendant longtemps mondialement connue)2 qui, en 1977, décide de racheter le laboratoire, avec à la clé quelques points de détail, se nommant « rigueur » et « Bonnes pratiques de fabrication ».3 De la petite structure familiale, au groupe pharmaceutique, l’idée de base née dans le préparatoire d’une petite officine subsiste, les exigences de qualité en plus. En cette année 1977, Matis se souvient de ces aliments bons pour le corps, bons pour la peau et décide d’incorporer du pamplemousse, de l’avocat ou de la mandarine dans des cosmétiques qui mériteraient, certainement, le nom de skin food comme au bon vieux temps.
Après Delalande, retour, en 1981, à une structure familiale avec le rachat par un chimiste, M. Camboulive et sa femme formatrice en esthétique. Le regard croisé du chimiste amoureux des molécules et de la spécialiste des techniques esthétiques ne pouvait conduire qu’à des produits à la fois scientifiquement bien pensés et sensoriellement irréprochables.
Pas de bug de l’an 2000 pour cette belle société qui, forte de son passé et armée jusqu’aux dents avec de belles références pour voir venir l’avenir, se positionne fermement dans la lutte contre le temps apportant à ses clientes des réponses ciblées à des questions diverses et variées.
Du caviar, de l’acide hyaluronique,4,5 des « réponses » à toutes les questions que l’on se pose... et une « Authentik oil » qui attire notre regard.
Cette « huile ultra-sensorielle » répond parfaitement à la définition galénique d’une huile nettoyante (le pharmacien créateur de la marque peut reposer en paix, la galénique est ici parfaitement respectée). Des triglycérides (ces molécules qui composent majoritairement les huiles végétales), des huiles végétales (huiles de tournesol, d’abricot, de graines de canneberge) et un tensioactif doux composent le corps de cette formule d’hygiène. L’extrait de romarin, riche en polyphénols, est utilisé ici pour son effet anti-oxydant, anti-radicalaire.6 Actif anti-âge et anti-pollution par voie orale,7 l’extrait de romarin est également un actif intéressant en usage topique en matière de lutte contre les effets du vieillissement, du fait d’un effet inhibiteur de la formation des espèces réactives à l’oxygène.8
Cette huile nettoyante Matis méritait bien un Regard, un Regard très bienveillant du fait d’une composition en accord avec son appellation !
Merci à Coline Oresve de nous avoir conté l’histoire de cette jolie marque.
Bibliographie
2 https://www.persee.fr/doc/pharm_0035-2349_2000_num_88_327_5144
6 Sharma Y, Velamuri R, Fagan J, Schaefer J. Full-Spectrum Analysis of Bioactive Compounds in Rosemary (Rosmarinus officinalis L.) as Influenced by Different Extraction Methods. Molecules. 2020 Oct 9;25(20):4599
7 Nobile V, Schiano I, Peral A, Giardina S, Spartà E, Caturla N. Antioxidant and reduced skin-ageing effects of a polyphenol-enriched dietary supplement in response to air pollution: a randomized, double-blind, placebo-controlled study. Food Nutr Res. 2021 Mar 29;65
8 de Macedo LM, Santos ÉMD, Militão L, Tundisi LL, Ataide JA, Souto EB, Mazzola PG. Rosemary (Rosmarinus officinalis L., syn Salvia rosmarinus Spenn.) and Its Topical Applications: A Review. Plants (Basel). 2020 May 21;9(5):651
Composition
Authentik oil : CAPRYLIC/CAPRIC TRIGLYCERIDE, PEG-20 GLYCERYL TRIISOSTEARATE, OLEIC/LINOLEIC/LINOLENIC POLYGLYCERIDES, ISOHEXADECANE, ISOPROPYL ISOSTEARATE, HELIANTHUS ANNUUS (SUNFLOWER) HYBRID OIL, PRUNUS ARMENIACA (APRICOT) KERNEL OIL, PARFUM (FRAGRANCE), VACCINIUM MACROCARPON (CRANBERRY) SEED OIL, HELIANTHUS ANNUUS (SUNFLOWER) SEED OIL, ROSMARINUS OFFICINALIS (ROSEMARY) LEAF EXTRACT, BENZYL SALICYLATE, HYDROXYCITRONELLAL, ALPHA-ISOMETHYL IONONE, HEXYL CINNAMAL, LINALOOL, CITRO
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