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Alice et les gestes barrières, c’est pas gagné !

> 19 novembre 2020

Alice et les gestes barrières, c’est pas gagné !

Alice Roy, cette jeune fille de dix-huit ans, « aux yeux bleus et aux cheveux d’or roux », a décidemment tous les talents. Détective amateur - plus performante parfois que la police officielle - danseuse hors-pair, cuisinière aguerrie, amie fidèle (Bess et Marion peuvent en attester), Alice vole littéralement au secours des opprimés. Aussi, lorsque son père, James Roy, un avocat célèbre de River-City, lui demande de faire un tour chez son client, Oscar Thurston, le propriétaire d’un jardin zoologique en passe d’être exproprié par la mairie, dans le but de faire table rase de l’existant et de construire, en lieu et place, tout un lotissement d’habitations, sans le moindre espace laissé à des zones arborées, Alice ne réfléchit pas à un seul instant.1 Aider les autres est son passe-temps favori. « Qualité de vie », écologie, des thèmes qui sont chers au cœur de la jeune détective.

Le torcol, ou tournis de nos campagnes, un oiseau de mauvais augure,2 qui tire son nom du fait qu’il est capable de faire pivoter sa tête dans toutes les directions,3 est placé délibérément devant la maison des Roy. « Laissez tomber cette affaire ou il vous en cuira », semble dire le curieux oiseau empaillé ! Il en faut plus pour arrêter une détective déterminée à venir en aide à un couple de personnes âgées qui a consacré sa vie aux oiseaux et qui compte bien poursuivre son œuvre jusqu’à la fin.

Des boules puantes, un chariot-fou qui heurte Alice durant ses courses, une mine qui explose à deux pas des enclos des oiseaux… et puis il y a aussi l’ornithose ou psittacose, transmise à Ned, le gentil chevalier-servant... cette infection bactérienne, causée par Chlamydia psittaci, connue également sous le nom de fièvre du perroquet,4 peut provoquer une pneumonie grave… tout va vraiment au plus mal !

Pour cette enquête, penser à se munir d’un bon détachant, de savon, de gel douche, de shampooing et puis garder l’œil ouvert, afin de découvrir les coquetteries capillaires de malfaiteurs endurcis !

Un criminel qui se teint en roux pour tromper les enquêteurs

L’une des petites mains chargées de terrifier M. et Mme Thurston et d’intimider Alice Roy est un grand personnage, maigre, portant barbe et cheveux roux... d’un roux très peu naturel ! « Clyde O’Mayley dit Doigts Agiles » n’en loupe pas une. Empoisonnement des oiseaux dans le but de leur communiquer l’ornithose, neutralisation de M. Thurston et de Ned Nickerson avec un tampon de chloroforme... Ce malfaiteur tatoué (son tatouage correspond à « un cercle coupé d’une croix. Les lignes horizontale et verticale formaient deux diamètres du cercle. ») est sans scrupule.

Un danseur qui joue les spectres pour affoler les vieilles dames

Ce spectre vêtu de blanc - comme tout spectre qui se respecte - se déplace par bonds inquiétants. Le danseur Merlin Gantry n’est pas à une indélicatesse près. En jouant les fantômes, il a pour mission de décourager tous ceux qui ne veulent pas vendre leur propriété à un méchant promoteur immobilier.

Une gouvernante qui avance masquée pour soigner un malade contagieux

Evidemment Ned est contaminé par les oiseaux. Et le voilà au lit avec l’ornithose. A son chevet, la fidèle Sarah est là qui veille au grain ; elle applique à la lettre les gestes barrières qui lui semblent indispensables (« Je mettrai une blouse, un masque sur la bouche et prendrai soin de lui. Vous me connaissez assez pour être sûr que je ne commettrai pas d’imprudences »), Sarah veille le jeune homme avec des attentions toutes maternelles.

Deux cousines qui payent de leur personne pour aider Alice

Si Ned est malade, Alice l’est bien évidemment aussi. La jeune fille, peu docile, s’est glissée, non masquée, au chevet de son ami, et a contracté, elle aussi, la maladie ! Afin de faire avancer l’enquête, Bess et Marion se proposent d’aller rencontrer différents conseillers municipaux, afin de plaider la cause du jardin zoologique. Chez un imprimeur, les deux jeunes filles se font asperger d’encre et de colle, par un jeune malveillant. Afin de se débarrasser de la colle et de l’encre rouge qui s’est répandue sur peau et cheveux, un simple lavage ne suffit pas. « Les deux jeunes filles durent recourir à du savon, des crèmes et jusqu’à de la térébenthine », pour faire disparaitre les taches. Plusieurs shampooings vont également s’avérer nécessaires pour éliminer la colle qui englue les cheveux !

Alice à la réserve des oiseaux, en bref

Soyons rassuré, Alice guérira bien vite de l’ornithose (on n’est pas une héroïne de la Bibliothèque verte pour rien) et arrivera à faire coffrer ces vilains oiseaux qui ne cessent de tracasser M. et Mme Thurston. Leurs gentils pensionnaires, en revanche, continueront à bénéficier de leurs bons soins pendant longtemps encore. Quand on vous dit que cette Alice a tous les talents !

Bibliographie

1 Quine C. Alice à la réserve des oiseaux, Bibliothèque verte, Hachette, 187 pages

2 Jullian C. Au champ magique de Glozel.

3 de la Genière J. Une roue à oiseaux du Cabinet des Médailles. Revue des Études Anciennes, 1958, 60-1-2, 27-35

4 Balsamo G, Maxted AM, Midla JW, Murphy JM, Wohrle R, Edling TM, Fish PH, Flammer K, Hyde D, Kutty PK, Kobayashi M, Helm B, Oiulfstad B, Ritchie BW, Stobierski MG, Ehnert K, Tully TN Jr. Compendium of Measures to Control Chlamydia psittaci Infection Among Humans (Psittacosis) and Pet Birds (Avian Chlamydiosis), 2017. J Avian Med Surg. 2017;31(3):262-282. 

 

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