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A l’hôtel Bertram, tout se joue à une crème pour les mains près !

> 12 décembre 2020

A l’hôtel Bertram, tout se joue à une crème pour les mains près !

L’hôtel Bertram est un vieil hôtel londonien, qui est resté dans son jus depuis des années.1 En 1955, tout est dans le même état qu’en 1939. Quelques « cicatrices » marquent la façade ; pour le reste, rien n’a changé. Les muffins sont « merveilleux » et les dougnuts, à la confiture de fraises délectables. Dans le vaste hall, de vieilles comtesses papotent avec des colonels en retraite ou avec des chanoines érudits. Dans un fauteuil, Jane Marple se repose et observe la situation entre ses paupières mi-closes. Quelque chose ne tourne pas rond dans cet hôtel qui ne fait pas vrai.

Miss Gorringue, une directrice stylée

Miss Gorringue est une charmante vieille dame, aux « cheveux jaunâtres, frisés (probablement au fer, à l’ancienne mode) ». C’est d’une main de fer, dans un gant en dentelle, que cette accorte personne mène son monde à la baguette. De la qualité du matelas à la température idéale pour l’infusion du thé, Miss Gorringue veille à tout.

De vieilles dames aux cheveux teints ou à la silhouette sublime

A l’hôtel Bertram, il est possible de croiser de vénérables vieilles dames, aux cheveux teints « en bleu gentiane » ou de sublimes arrière-grand-mères, à la silhouette impeccable. La marquise de Barlowe s’inscrit dans cette dernière catégorie. C’est grâce à de « nombreux artifices », que la douairière peut se permettre d’afficher une taille de jeune fille.

Des pensionnaires aux « mains rugueuses »

Et puis il y a des figurants, des gens qui semblent être des fantômes ou des acteurs… à l’aide de maquillage, ils se griment quotidiennement pour ressembler à telle ou telle personne de la haute et bonne société. Leurs mains, pourtant, ne trompent pas. Ces mains ne sont ni blanches, ni délicates, mais « rugueuses par suite de lavages innombrables avec des produits détergents ».

Visiblement, l’hôtel Bertram n’est pas un hôtel comme les autres ; des malfaiteurs y ont élus domicile. Et ces mains « rugueuses », qui trahissent une classe sociale laborieuse, en diront plus à notre enquêtrice en jupons que le plus long des discours ! A la mallette de maquillage, il serait bon d’ajouter, pour un camouflage réussi à 100 %, une bonne crème hydratante pour les mains !

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour ce qui n'est pas vraiment une invitation à séjourner à l'hôtel Bertram !

Bibliographie

1 Christie A. A l’hôtel Bertram, Librairie des Champs-Elysées, 251 pages

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