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Hercule Poirot, ses goûts, ses dégoûts !

> 10 avril 2021

Hercule Poirot, ses goûts, ses dégoûts !

Le bal de la victoire constitue un recueil de nouvelles plein d’intérêt pour qui s’intéresse, un tant soit peu, au personnage d’Hercule Poirot.1 De la pommade pour fixer les moustaches, au sirop de cassis, en passant par le parfum entêtant de la femme de ses rêves, Agatha Christie réalise une courte liste des envies du célèbre détective. Des envies faciles à combler (les pommades pour moustaches font partie de son quotidien) ou des envies parfaitement démesurées (la voleuse Vera Rossakov a tout pour plaire à Hercule, tout… sauf le sens de la probité).

Un détective qui aime les cosmétiques

Hercule Poirot est un vieux dandy, fort soigneux de sa personne. Ses vêtements sont, bien sûr, toujours impeccables ; chez lui, tout est « propre et soigné ». Du sommet de sa tête en forme d’œuf, à l’extrémité de ses mains « minuscules et méticuleusement » cosmétiquées. Ses moustaches, « férocement conquérantes », ne peuvent passer inaperçues. Afin de les maintenir dans une position optimale, Hercule les enduit « délicatement » de pommade. Ces bacchantes font toute sa fierté. Rien n’est trop beau pour les fixer et les parfumer. De multiples cosmétiques sont donc testés, jusqu’à mettre la main sur « une merveille pour les moustaches ». L’été, lorsque ses « moustaches s’affaissent », il est indispensable de doubler les doses de pommade. De temps à autre, le ciseau fait son œuvre, de façon à ne laisser aucun poil disgracieux dépasser (« le moment est mûr pour tailler mes moustaches »). Et quotidiennement, le « miroir microscopique », qui ne quitte pas sa poche, lui permet de rétablir la symétrie pilaire qui lui tient tant à cœur.

Un détective qui aime le chocolat chaud et le sirop de cassis

Hercule Poirot est un gros gourmand ; il savoure, avec délice, les boissons préférées des enfants. Cet appétit pour le sucre se double d’un appétit pour les énigmes à résoudre. Tel le « goûteur de grand cru », Hercule Poirot se délecte des indices semés par les assassins sur les scènes de crime. 

Un détective qui aime... la comtesse Rossakov

Le cœur d’Hercule Poirot s’emballe à l’évocation de la pétulante Vera Rossakov, une comtesse russe au « suffocant » parfum « exotique » ! Ce parfum restera gravé dans sa mémoire olfactive, jusqu’à la fin. Et du flair, Hercule en a. Sur une scène de crime, Hercule Poirot n’hésite pas à renifler bruyamment. Rien... L’air est frais, sans odeur de tabac alors que le cendrier déborde de mégots. Etrange !

Un détective qui apprécie l’efficacité de Miss Lemon

La secrétaire d’Hercule Poirot est la reine du classement. Dans son bureau, elle met au point un système de rangement ultra-performant, qui flatte le célèbre détective. Ah si le physique de Miss Lemon pouvait être au diapason de son efficacité ! Mais non, il n’en est rien... « un tas d’os assemblés au petit bonheur la chance », voilà ce que l’on peut en dire. Rien à voir avec les douces courbes veloutées de la somptueuse Vera.

Un détective qui n’aime pas les publicités tapageuses

Si Hercule Poirot raffole des cosmétiques, il ne supporte pas, en revanche, les publicités excessives les concernant. Rien ne le met plus en colère qu’un article de presse, semblant sérieux, s’achevant par une vulgaire publicité pour un produit de beauté quelconque. « On commence à lire un fascinant article intitulé « Ce qu’une jeune épousée confiait à son amie célibataire au physique ingrat », et cela concerne en fait un simple produit qu’on vous suggère d’acheter en pharmacie histoire de vous laver les cheveux. Rien que de la réclame. »

Un détective qui n’aime pas les couples mal assortis

Même en vacances, Poirot n’est jamais à l’abri d’un crime sordide. En croisant les pas de Mrs Clapperton, une mondaine acariâtre, et de son époux, un ancien ventriloque de music-hall, Hercule sent bien que la catastrophe n’est pas loin. Mrs Clapperton tente, par tous les moyens, de retenir des bribes de jeunesse. Avec « ses savantes ondulations », sa chevelure platine, sa silhouette de jeune fille entretenue grâce à des massages et à des régimes drastiques et son « visage artistement maquillé, ses sourcils délicatement épilés », Mrs Clapperton paraît 28 ans (de loin), mais 55 (de près)... tout cela à 49 ans, très exactement. Dans son sac à mains, les incontournables de l’époque, un rouge à lèvres, un poudrier. Cette femme, odieuse avec son mari, mérite une bonne leçon. Certes. Peut-être pas tout de même une condamnation à mort.

Le bal de la victoire, en bref

A la recherche d’une cuisinière disparue, à la rescousse d’un amant jaloux qui voudrait bien se faire justice par lui-même avec du cyanure de potassium, quelle que soit la situation, Hercule Poirot assure. Il comprend l’âme humaine, se glisse dans la peau des autres et finit toujours par découvrir la vérité, une vérité qui se cache bien souvent dans un pot de cosmétique.

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration du jour !

Bibliographie

1 Christie A., Le bal de la victoire, Editions du masque, 347 pages, 2009

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