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Chez les bons enfants, ça sent la fleur d’oranger, le savon, le brûlé et la tendresse !

> 11 juin 2020

Chez les bons enfants, ça sent la fleur d’oranger, le savon, le brûlé et la tendresse !

Les bons enfants de la comtesse de Ségur ont pour prénoms Jules, Nicolas, Léonce, Arthur, Sophie, Marguerite...1 Ils ne sont pas toujours sages comme des images ; ils imaginent parfois des tours pendables, mais ils sont, dans le fond de leur cœur, des enfants aimants et prompts à se repentir. Dans les châteaux qu’ils fréquentent, ça patouille joyeusement dans l’eau savonneuse... il y a des sourires, des rires, des bouderies, des fâcheries et... des remèdes pour tous les maux.

Un premier avril qui sent la fleur d’oranger

Afin de faire un mauvais tour à la bonne de Pierre jugée trop sévère envers eux, Jules et Nicolas concocte un poisson d’avril d’un genre spécial. Il lui envoie tout simplement une lettre lui annonçant le décès de sa mère d’une « crise d’apoplexie ». Afin de la consoler, Pierre, qui adore sa bonne, se propose de lui faire prendre « quelques gouttes de fleur d’oranger ». Sa maman, sceptique, doute de l’efficacité de ce remède à combattre le chagrin. Les coupables de cette blague ignoble seront, bien évidemment, punis comme il se doit.

Un mouton qui sent le savon

Le gros mouton à roulettes qui trône dans la salle de jeu de Léonce, Arthur et Sophie est blanc, d’un blanc très salissant. Pour remédier à cet inconvénient, Arthur décide de le teindre en noir. C’est l’encre qui est choisie pour réaliser la teinture. S’ensuit un vrai carnage. Tout est taché, visages, vêtements, mobilier... La bonne s’active pour réparer les dégâts. Elle lave à « l’eau de savon les rideaux, les meubles, le tapis [...] », sans succès. Il reste toujours des traces. Les enfants, quant à eux, sont également récurés au moyen d’eau savonneuse (« Ma bonne, dit-il d’un air triomphant, donne-moi bien vite de l’eau tiède, du savon, du linge et des habits propres. »).

Un petit chien qui sent le brûlé

Tout comme le mouton à roulettes, le petit chien Bijou (celui-là est bien vivant) est tout blanc. Dès qu’il se promène dans le parc par mauvais temps, il se couvre de boue. Léonce, soucieux de l’aspect de son petit compagnon à quatre pattes, a l’idée lumineuse de le teindre en noir comme le mouton. Pas avec de l’encre cette fois-ci. Non, une méthode beaucoup plus originale est imaginée. Léonce décide de brûler « le bout de ses poils » ; on imagine bien le résultat : un chien carbonisé, des enfants brûlés. Bijou est jeté dans « une petite baignoire pleine d’eau », afin de le délivrer des flammes. Arthur, qui serrait son petit chien contre lui, est également plongé dans la baignoire. Ses bras et ses cuisses sont pourtant brûlés. On lui applique immédiatement dessus de l’eau de vie, puis on enveloppe les membres de « ouate imbibée d’eau de vie ». Cette préparation est destinée à supprimer la douleur et à prévenir « cloques et plaies ».

Une grand-mère qui sent bon la tendresse

La grand-mère de Marguerite fond littéralement devant ses petits-enfants et aime leur faire plaisir avec des choses toutes simples. « Alors, grand-mère, qui nous donne toujours ce que nous voulons, tu le sais bien, a donné de l’eau tiède, un beau petit savon rose, une gentille petite éponge, et Marguerite a commencé à bien s’amuser et s’est mouillée énormément. »

Et encore une petite souris maladroite et un cochon ivre

Dans cette histoire, on nous livre aussi un conte mettant en scène une souris qui s’est coincée la patte dans une porte (vite de l’huile de mille-pertuis pour apaiser sa douleur).2 Il y a également un cochon (un vrai, pas un cochon de conte de fées !) qui s’enivre avec des grains de cassis, imbibés d’alcool. La fermière, effrayée, court au château implorer de l’aide ; la maman de Pierre consultée tente de le guérir à l’aide de « quelques gouttes d’alcali dans une cuillérée d’eau ».

Et enfin, un jeune garçon qui confond eau et vin blanc

Dans la même veine que celle de l’histoire du cochon ivre, Léonce partage son expérience d’ivresse. Ayant coupé son verre de vin rouge avec du vin blanc et non de l’eau et ayant réitéré l’opération plusieurs fois de suite, le jeune garçon fut pris de malaise... On lui baigna le front et la tête avec de l’eau froide, on lui fit prendre « un verre d’eau (de la vraie eau pas du vin blanc déguisé en eau !) avec quelques gouttes d’alcali », puis on le laissa dormir pendant 12 heures d’affilée. Tout alla ensuite pour le mieux !

En sortant de visiter ces « bons enfants », la comtesse de Ségur ne manque pas de glisser dans notre poche quelques uns de ses remèdes-maison. Elle nous invite également à suivre Simplicie et Innocent à Paris. Aventures garanties.3

Bibliographie

1 Comtesse de Ségur, Les bons enfants, Hachette, bibliothèque rose, 1954, 256 pages

2 https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/le-millepertuis-une-plante-capricieuse-peu-utilisee-dans-le-domaine-cosmetique-1462/

3 https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/les-deux-nigauds-il-leur-manque-les-codes-cosmetiques-tout-simplement-1458/

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