Nos regards
La méthylisothiazolinone (MIT), un conservateur dont on est (heureusement !) en train de se débarrasser

> 06 mars 2017

La méthylisothiazolinone (MIT), un conservateur dont on est (heureusement !) en train de se débarrasser Si la mite (vous savez ce petit insecte nuisible qui se nourrit de diverses fibres et peut endommager nos vêtements, nos livres…) et la MIT peuvent être confondues sur un plan phonétique et dans la mesure où elles nuisent toutes deux à l’homme, la ressemblance s’arrête là, bien évidemment. Dans un cas, nous avons affaire avec un petit insecte, dans l’autre, à une molécule à propriétés antimicrobiennes, utilisée pour cela dans les cosmétiques et dont nous allons brièvement retracer la saga.

La méthylisothiazolinone (MIT) fait partie de la famille des isothiazolinones, des molécules à propriétés biocides, que l’on peut retrouver dans de très nombreux produits d’usage fréquents tels que les lessives et, pour ce qui nous intéresse ici, les cosmétiques.

Pour parler de la MIT, il est important de se reporter plusieurs dizaines d’années en arrière. Dans les années 1970, la MIT est déjà très utilisée, souvent associée à un autre membre de sa famille, la méthylchloroisothiazolinone (le mélange de ces deux molécules étant commercialisé sous le nom de Kathon CG). L’utilisation de cosmétiques en contenant va alors remplir les cabinets des dermato-allergologues et on va très vite se rendre compte des propriétés allergisantes de ce type de conservateur. La MIT va tomber en désuétude. C’est effectivement ce qu’il y avait de mieux à faire.

Au début des années 2000, naît la polémique « parabens ». Dans l’urgence et sous la pression de certains consommateurs, l’industrie cosmétique se voit dans l’obligation de remplacer ce type de conservateurs. Oui, mais par quoi ? Les formulateurs se souviennent alors que la MIT est une molécule efficace pour assurer la conservation des cosmétiques. Certes, mais c’est oublier ses effets indésirables. Faisant fi de cet aspect, les recours à la MIT se multiplient. Les mêmes causes provoquant les mêmes effets, on remplit à nouveau les cabinets des dermato-allergologues et on « redécouvre » avec étonnement (on a parfois la mémoire courte dans le domaine cosmétique) les propriétés allergisantes de la MIT !

Face à cette situation le législateur européen prend la décision de l’interdire dans les produits non rincés* (crèmes hydratantes, anti-âge ou produits de protection solaire, pour ne citer que quelques exemples). C’est une avancée intéressante, mais il est dommageable que l’on puisse continuer à utiliser la MIT dans les produits rincés (shampooings, gels-douche…), produits avec lesquels il faut rester vigilant. Pour cela il convient de faire un choix, parmi les produits d’hygiène à disposition, en privilégiant ceux qui ne renferment pas de MIT et en espérant que son interdiction dans TOUT produit puisse survenir rapidement !

* Le Règlement (UE) 2016/1198 du 22 juillet 2016 a modifié l'annexe V du Règlement (CE) N°1223/2009 : désormais la MIT ne doit plus être présente du tout dans les produits non rincés ; elle est toujours utilisable dans les produits rincés à concurrence de 0,01%

Le Règlement (UE) N°1003/2014 du 18 septembre 2014 avait déjà modifié cette annexe V : réglementation du mélange Méthylchloroisothiazolinone/MIT (1/3) qui est autorisé à concurrence de 0,0015%, uniquement dans les produits rincés également (donc absence effective de méthylchloroisothiazolinone et de MIT dans les produits non rincés).

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