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Iode et amaigrissement (ou amincissement !), une histoire complexe

> 28 février 2017

Iode et amaigrissement (ou amincissement !), une histoire complexe Si pendant longtemps les formes plantureuses ont été appréciées chez les femmes (le vertugadin qui enrobe la taille d’un bourrelet plus ou moins prononcé, le rembourrage qui permet de simuler un ventre arrondi, le faux-cul qui prolonge la silhouette en arrière... sont autant d’artifices de mode qui ont permis, à différentes périodes, de souscrire aux critères de beauté alors en vigueur), il n’en est plus de même au début du XXe siècle. Le corset, dans lequel on se sanglait à l’extrême pour faire paraître sa taille la plus mince possible, est jeté aux orties. Conséquence : la taille doit être affinée à l’aide d’un autre expédient. On voit, alors, se multiplier les préparations à visée amaigrissante. Celles-ci peuvent se présenter sous forme de préparations destinées à être appliquées localement (ce sont les préparations topiques) ou bien administrées par voie orale. Dans les deux cas, il s’agit de « préparations médicamenteuses qui ne peuvent être préparées et vendues que par des médecins ou des pharmaciens. »

Dans les années 1930, on voit se multiplier les publicités pour la gelée amaigrissante Ixennol, une gelée que l’on applique partout où des surcharges adipeuses viennent à gêner le regard. Visage, taille, cheville... autant de cibles pour ce produit qui fait « fondre » la graisse. René Cerbelaud nous en livre la composition dans son précieux « Formulaire de Parfumerie ». Les ingrédients retrouvés sont les suivants : iodure de potassium, hyposulfite de sodium, potasse en pastilles, mucilage de semences de coing, eau distillée de rose, rhodinol d’essence de géranium de la Réunion et talc de Venise. D’autres préparations renferment de la thyroïdine.

En 1980, la loi Talon interdit un certain nombre de préparations magistrales à visée amaigrissante, comportant un mélange de principes actifs appartenant à des classes thérapeutiques différentes telles que diurétiques, psychotropes, anorexigènes, dérivés thyroïdiens (ansm.sante.fr/content/download/.../DPS-historique-preparations-amaigrissantes.pdf) du fait des effets indésirables graves susceptibles de se produire au décours de l’utilisation de tels produits.

La réglementation cosmétique mise en place dans les années 1970 aboutit à l’interdiction de l’iode dans les cosmétiques en général, donc dans les cosmétiques dits amincissants, en particulier.

On notera que le terme « amaigrissant », jugé excessif, ne peut être employé dans le domaine cosmétique. Si cet iode ne peut être incorporé « sciemment », il est toutefois possible de détecter des traces d’iode dans les cosmétiques anti-capitons, cet iode étant apporté par les algues, par exemple, utilisées comme actifs. L’iode se retrouve donc dans le produit à l’« insu (de l’industriel, et pourtant) de son plein gré ». Encore un paradoxe cosmétique !

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