Nos regards
Galénic Soins soleil, c’est bien… ce serait encore mieux sans la liane d’Amazonie

> 15 juin 2017

Galénic Soins soleil, c’est bien… ce serait encore mieux sans la liane d’Amazonie 1977 : Pierre Fabre crée les laboratoires Galénic. Le nom n’a pas été choisi au hasard. C’est un clin d’œil appuyé à l’art (ou à la science) de la formulation galénique, discipline qui consiste à associer des ingrédients entre eux afin de mettre au point l’excipient le plus adapté au principe actif.

En tant que pharmacien, Pierre Fabre sait parfaitement que la pharmacie galénique est une discipline pharmaceutique ; en choisissant ce nom pour son laboratoire, Pierre Fabre souhaite donner aux cosmétiques qu’il formule un vernis médical et toute caution médicale n’est pas pour déplaire à qui recherche des produits de qualité.

Nous nous sommes intéressées, aujourd’hui, à la crème légère visage SPF 50+.

En ce qui concerne la composition filtrante, on trouve deux filtres à spectre large (methylene bisbenzotriazolyl tetramethylbutylphenol, bis-ethylhexyloxyphenol methoxyphenyl triazine), un filtre UVB (diethylhexyl butamido triazone) et un filtre UVA (butylmethoxydibenzoylmethane) associés dans cette formule. Rien à redire !

En ce qui concerne les tests d’efficacité pratiqués au Laboratoire de pharmacie industrielle et de Cosmétologie, par nos soins, un SPF de 60 (ce qui correspond à la valeur minimale pour un affichage 50+) et un Facteur de protection UVA de 29 (ce qui correspond à un excellent ratio protection UVB/protection UVA). Rien à redire !

En ce qui concerne les ingrédients entrant dans la composition de l’excipient, on constate l’absence d’alcool et d’allergènes ; les ingrédients présents sont bien choisis. Toujours rien à redire !

Toutefois, l’extrait de liane d’Amazonie nous intrigue et nous incite à aller « gratter » de ce côté...

Cette liane, également appelée Griffe de chat, est une plante qui a fait l’objet d’un très grand nombre d’études. Elle se retrouve littéralement au centre d’une véritable « forêt de publications ».

Utilisée au Pérou, en médecine traditionnelle, elle sert dans de multiples indications. Asthme, contraception, ulcères gastriques, arthrite, fièvres, pathologies inflammatoires, hémorragies, rhumatismes, problèmes urinaires, blessures… (Gerhard Laus, Dagmar Brössner, Klaus Keplinger, Alkaloids of peruvian Uncaria tomentosa, Phytochemistry, 45, 4, 1997, Pages 855-860)… Rien ne semble résister à une tisane réalisée à partir de l’écorce, de la racine ou de la tige de cette plante.

Il y a 20 ans, différents tests ont été réalisés (test au rouge neutre, test MTT…). Ils aboutissent à la conclusion que des extraits aqueux réalisés en faisant infuser l’écorce dans de l’eau bouillante pendant 7 à 10 minutes ne sont pas cytotoxiques, à concurrence de 100 mg/mL (A Santa Maria, A Lopez, M.M Diaz, J Albán, A Galán de Mera, J.A Vicente Orellana, J.M Pozuelo, Evaluation of the toxicity of Uncaria tomentosa by bioassays in vitro, Journal of Ethnopharmacology, 57, 3, 1997, Pages 183-187).

Une décoction de feuilles de cette liane dans l’eau produit des effets différents selon les lignées cellulaires considérées. Non cytotoxiques vis-à-vis de lignées de cellules cutanées normales (Normal Human Dermal Fibroblasts), l’extrait s’avère cytotoxique pour des cellules cancéreuses de foie (HepG2) (Kośmider A, Czepielewska E, Kuraś M, Gulewicz K, Pietrzak W, Nowak R, Nowicka G., Uncaria tomentosa Leaves Decoction Modulates Differently ROS Production in Cancer and Normal Cells, and Effects Cisplatin Cytotoxicity, Molecules, 2017, 12, 22 (4)).

On apprend aussi que la mitraphylline, un alcaloïde contenu dans la plante, est douée de propriétés anti-inflammatoires (R. Rojas-Duran, G. González-Aspajo, C. Ruiz-Martel, G. Bourdy, V.H. Doroteo-Ortega, J. Alban-Castillo, G. Robert, P. Auberger, E. Deharo, Anti-inflammatory activity of Mitraphylline isolated from Uncaria tomentosa bark, Journal of Ethnopharmacology, Volume 143, Issue 3, 11 October 2012, Pages 801-804). On s’en passerait donc bien dans le domaine de la protection solaire.

Pour cette formule, un seul bémol donc : le caractère anti-inflammatoire de l’actif-phare de la gamme.

Crème légère visage SPF 50+ Galenic : aqua, C12-15 alkyl benzoate, methylene bisbenzotriazolyl tetramethylbutylphenol [nano], cetearyl isononanoate, diisopropyl adipate, isodecyl neopentanoate, bis-ethylhexyloxyphenol methoxyphenyl triazine, diethylhexyl butamido triazone, aluminum starch octenylsuccinate, butylmethoxydibenzoylmethane, potassium cetyl phosphate, decyl glucoside, C10-18 triglycerides, acrylates/C10-30 alkyl acrylate crosspolymer, benzoic acid, caprylyl glycol, disodium EDTA, fragrance, glyceryl behenate, glyceryl dibehenate, propylene glycol, silica, sodium hydroxide, tocopheryl acetate, tribehenin, uncaria tomentosa extract, xanthan gum.

Un grand merci à Mme Eva Paparis pour la détermination expérimentale des valeurs mentionnées.

Un grand merci aussi à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour le soleil, globalement satisfait, qui illustre ce Regard.

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