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Diadermine, la crème à tout faire

> 18 mars 2017

Diadermine, la crème à tout faire

Diadermine « la crème médicale non parfumée » (« Une assurance qui ne coûte pas cher... l’assurance beauté ») est une crème multifonction dont on ne trouve pas l’équivalent de nos jours. Les réclames (le terme publicité dans les années 1900 n’était pas employé) qui vantent ses mérites précisent que cette crème « prescrite par le corps médical », « protège les mains, le visage » et même « les lèvres ». « Le matin, elle protège, le soir elle nettoie. » Bref, cette crème est fantastique !

On peut situer sa date de naissance en 1904, lorsque « les frères Giambattista et Cornelio Bonetti, achètent le brevet de Diadermine. Ils fondent l’entreprise « Bonetti Frères » à Paris et vendent leur crème aux pharmacies par barils de 2 kilos. » (http://www.diadermine.fr/diadermine/fr/fr/soins-visage-diadermine/expertise-dermatologique/notre-histoire/1904.html). Cette crème est une émulsion de base (un excipient) qui ne contient pas réellement d’actif, mais que les pharmaciens, dans leur préparatoire, peuvent modifier selon leurs envies pour réaliser des crèmes sur-mesure (déjà !) en fonction des problèmes spécifiques rencontrés par les patients. La vente par baril (!) témoigne de la popularité de cette crème auprès des professionnels de santé.

Cette crème ne comporte que peu d’ingrédients et constitue ce que l’on appelle alors une crème aux stéarates alcalins. On peut aussi lui donner d’autres noms de fantaisie plus propices au rêve : mousse, neige aux stéarates, vanishing-cream, crème évanescente...

Elle est constituée d’acide stéarique ou de stéarine (un triglycéride constitué de 3 molécules d’acide stéarique) saponifié par une base. Ce type de crème apparaît, à la toute fin du XIXe siècle, vers 1890 précisément. Les premières formules sont secrètes ; on n’affiche pas alors la composition intégrale des cosmétiques sur les emballages. Toutefois, un certain nombre d’auteurs de formulaires tentent avec succès d’en décrypter la composition. Les premières crèmes disponibles sur le marché sont décevantes à bien des titres. La stéarine n’est pas toujours de bonne qualité et laisse sur la peau un « délicat parfum de bougie » difficile à faire passer ! En présence d’un mélange constitué de stéarine, d’eau et d’une base, on a affaire à une préparation « savonneuse » qui convient pour l’hygiène cutanée, mais pas pour un contact prolongé avec la peau. Un effet asséchant refroidit une partie de la clientèle. Les chimistes ne s’avouent pas vaincus. Ils vont raffiner les formules en incorporant des parfums, de la glycérine (pour son effet hydratant). Le recours à des matières premières purifiées permet de s’affranchir des désagréments olfactifs précédemment évoqués et même de formuler des produits sans parfum (type de produits déjà recherché du fait de leur très grande innocuité).

Formuler la crème Diadermine, aux débuts des années 1900, c’est mélanger « 170 grammes d’acide stéarique pur avec 25 grammes de soluté officinal d’ammoniaque du Codex, 700 grammes de glycérine et 125 grammes d’eau distillée. » René Cerbelaud, dans son Formulaire de parfumerie de 1933, précise que « cette crème convient très bien aux épidermes gras, elle donne une sensation agréable au visage et elle émulsionne bien le sébum qui s’enlève en même temps au lavage ».

Cette crème 2 en 1 (minimum !!!), à la fois crème de soin (crème-barrière qui protège la peau des différentes agressions) et crème nettoyante est extrêmement moderne dans son concept : celui d’un produit multifonction qui permet aux utilisatrices de gagner un temps précieux en réduisant le nombre de cosmétiques à utiliser successivement.

On serait presque tenté de dire, dans le contexte actuel, que cette crème de soin, protectrice, nettoyante, anti-âge, qui améliore l’éclat du teint possède certainement, en plus de tout cela, un effet anti-pollution remarquable…

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