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Ces molécules qui perturbent le milieu cosmétique

> 08 février 2017

Ces molécules qui perturbent le milieu cosmétique La notion de « perturbateur endocrinien » (endocrine disrupter) a été évoquée pour la première fois en 1991 lors de la conférence qui s'est tenue à Wingspread aux Etats-Unis, suite aux travaux de recherche de Theodora Colborn, l'auteur de "Our stolen future".

Ces perturbateurs endocriniens sont alors définis comme « des molécules susceptibles d’engendrer des problèmes de santé ». En 2010, la notion est affinée. L’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) évoque la notion de « substances actives sur le système endocrinien (SASE) ». Ce « sont des substances qui peuvent interagir ou interférer avec l’activité hormonale normale. Lorsque cette interférence ou ces interactions engendrent des effets indésirables, on les appelle alors des « perturbateurs endocriniens » (PE) ». L’introduction de cette notion « d’effets indésirables » est fondamentale ; le classement systématique comme « perturbateur endocrinien » d’un très grand nombre de substances présentes dans notre environnement alimentaire, cosmétique, atmosphérique… semble pour le moins abusif. Utiliser le terme de « perturbateur endocrinien » sans préciser ni l’organe ciblé ni l’effet observé par rapport à une molécule de référence incontestablement reconnue, ni même encore le modèle d’étude retenu (animal, culture cellulaire) ne permet pas de se faire une idée juste de la question. Il est, également, étonnant, que selon le domaine considéré un même ingrédient sera considéré de manière plus ou moins sévère.

Démonstration :
Pour les phyto-oestrogènes de soja, la fondation contre le cancer émet un avis mitigé concernant les compléments alimentaires proposés sur le marché (http://www.cancer.be/complementsalimentaires/soja/isoflavones/phyto-oestrog-nes). Les sociétés qui les commercialisent en vantent pourtant les mérites. Ces phyto-oestrogènes (isoflavones de soja) sont, selon les auteurs, 10 à 100 fois moins oestrogéniques que la molécule de référence à savoir le 17bêta-estradiol (Darbre P, Environmental oestrogens, cosmetics and breast cancer, Best Practice & Research Clinical Endocrinology & Metabolism 20, 1, 121–143, 2006) (Shin-ichi Kayano, Yoko Matsumura, Yoko Kitagawa, Mayumi Kobayashi, Asuka Nagayama, Nami Kawabata, Hiroe Kikuzaki, Yoshimi Kitada. Isoflavone C-glycosides isolated from the root of kudzu (Pueraria lobata) and their estrogenic activities, Food Chemistry, 134, 1, 2012, 282-287). Il faut noter que la concentration en isoflavones (daidzéine, génistéine) varie en fonction de l’espèce, de l’organe de la plante considérée, de la localisation géographique, de la période de récolte…

Concernant les parabens, Philippa Darbre (la chercheuse à l’origine de la polémique concernant ces conservateurs antimicrobiens) leur reconnaît un potentiel, des milliers à des millions de fois, moins oestrogénique que le 17bêta-estradiol. Ces parabens toujours très utilisés dans le domaine pharmaceutique (de nombreux médicaments topiques, en renferment, en particulier, du méthyl- et/ou du propylparaben sodé ou non), sont, en revanche, abandonnés par une partie de l’industrie cosmétique, conséquence de la poussée médiatique.

Il existe donc deux poids deux mesures dans le domaine de la perturbation endocrinienne.

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